Cette idée extrêmement controversée a été vivement critiquée mercredi soir lors d'un débat organisé près de Miami par CNN, dans une salle rassemblant des milliers de personnes.
"Vais-je devoir être formée comme une policière en plus d'éduquer ces enfants ?", a interrogé Ashley Kurth, une enseignante du lycée de Parkland où 17 personnes ont perdu la vie. "Vais-je devoir porter un gilet en kevlar ?", a-t-elle demandé.
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"Je ne pense pas que les enseignants doivent être armés. Je pense qu'ils doivent enseigner", a de son côté réagi le shérif Scott Israel, qui est intervenu sur le lieu du carnage perpétré il y a une semaine par un jeune homme de 19 ans qui avait acheté légalement son fusil semi-automatique.
Quelques heures auparavant, le président américain s'est posé en homme à l'écoute de toutes les suggestions. Mais celui qui a promis aux membres de la National Rifle Association (NRA), puissant lobby des armes, qu'ils avaient "un vrai ami à la Maison Blanche", joue une partition délicate.
Tour à tour, des étudiants de différentes écoles endeuillées par les armes et des parents de victimes, assis en cercle autour de lui dans un vaste salon de la Maison Blanche, ont raconté leur détresse. Mais aussi avancé des propositions, très variées. La plus polémique d'entre toutes? Armer une partie du corps enseignant.
Les professeurs concernés porteraient leur arme de façon dissimulée et suivraient une formation spéciale préalable, a précisé le président, en indiquant que cette piste méritait véritablement d'être étudiée.
"Evidemment, cela s'appliquerait uniquement aux enseignants sachant manier une arme", a-t-il concédé, en suggérant d'armer 20% des effectifs des équipes pédagogiques.
Le locataire de la Maison Blanche a critiqué le concept de lieux sanctuaires où aucune arme n'est tolérée, en estimant que de tels sites jouaient un rôle d'aimant pour les "maniaques", qu'il a assimilés à des "lâches" qui privilégieraient les cibles faciles.
M. Trump a par ailleurs promis de prendre des mesures "fortes" sur les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d'armes.
Le président septuagénaire a aussi promis, sans autres précisions, la "fermeté" sur l'âge légal pour acheter une arme à feu.
De nombreuses personnes ont relevé que Nikolas Cruz, le tueur de Floride, avait pu acquérir à 18 ans un fusil semi-automatique, alors qu'il faut avoir au moins 21 ans pour acheter de l'alcool.
La NRA a immédiatement fait savoir son opposition à tout relèvement de l'âge légal pour acheter une arme, en estimant que cela reviendrait à "faire payer à des citoyens respectueux de la loi les actes malfaisants de criminels".
"S'il-vous-plaît M. Trump, il faut du bon sens", avait plaidé peu avant le père d'une victime, appelant à imposer sans tarder cette limite des 21 ans.
Le long témoignage d'Andrew Pollack, dont la fille de 18 ans, Meadow, a été tuée au lycée Marjory Stoneman Douglas, a plongé la salle dans un silence total.
"Je ne reverrai jamais ma magnifique fille", a-t-il lancé, les mâchoires serrées de douleur, entourés de ses fils retenant leurs larmes. "Elle n'est pas là. Elle est à North Lauderdale, au cimetière King David, c'est là qu'aujourd'hui je vais pour voir mon enfant".
"Combien d'écoles? Combien d'enfants doivent-ils tomber sous les balles?", a-t-il tonné, élevant la voix. "En tant que pays, nous avons échoué à protéger nos enfants. Cela ne devrait pas se produire. Je suis très en colère".
Quelques heures plus tôt, des jeunes de Parkland avaient investi la petite capitale de la Floride, Tallahassee, pour tenter d'arracher un durcissement de la législation sur les armes aux élus de Floride au son de "Plus jamais ça", mot d'ordre répercuté sur les réseaux sociaux.
"Que ces vies puissent être volées sans changement serait un acte de trahison à l'égard de notre grand pays", a déclaré Lorenzo Prado, un des nombreux orateurs à lancer des appels poignants au micro.
- 'Cela ne va pas faiblir' -
Lors du débat organisé par CNN, le sénateur républicain Marco Rubio a soulevé un vent de fronde dans le public en refusant d'envisager une interdiction des fusils d'assaut. Mais, signe d'une inflexion, il a dit revoir sa position sur les chargeurs à grande capacité de munitions.
Dana Loesch, la porte-parole très médiatique de la NRA, a elle été copieusement sifflée, esquivant les questions pour se concentrer sur la santé mentale de M. Cruz. "Je ne crois pas que ce monstre dément aurait jamais dû se procurer une arme à feu", a-t-elle martelé.
Les lycéens de Stoneman Douglas prévoient un grand rassemblement le 24 mars à Washington.
L'ex-Première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, s'est pour sa part dite "pleine d'admiration pour les élèves extraordinaires de Floride".
"La lutte contre les armes individuelles exige un courage et une endurance inexorables", a-t-elle averti.
Avec AFP