"Chaque mort est une horreur, mais si vous regardez une vraie catastrophe comme Katrina et vous regardez les énormes centaines et centaines de personnes qui sont mortes et ce qui s'est passé ici avec une tempête qui était totalement imposante. Personne n'a jamais vu quelque chose comme ça. Quel est votre bilan?" a demandé M. Trump, avant de poursuivre: "Seize (morts) contre des milliers".
L'ouragan Katrina a fait plus de 1.800 morts dans la région de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Maria a fait 16 morts à Porto Rico, territoire américain.
Près de deux semaines après le passage dévastateur de cet ouragan de catégorie 4, Porto Rico panse toujours ses plaies: une grande partie des habitants vit toujours sans électricité, sans accès à l'eau potable ni au carburant, et parfois sans toit.
M. Trump a en outre souligné que la gestion de la crise à Porto Rico avait coûté beaucoup d'argent au pays. "Je déteste te dire ça Porto Rico mais tu déstabilise notre budget", a-t-il dit à son arrivée sur la base militaire Luis Muñiz, à une quinzaine de kilomètres à l'est de San Juan.
Le président américain est sur l'île pour constater l'étendue des dégâts causés par Maria mais aussi pour tenter d'apaiser la violente polémique qu'il a créée par ses attaques contre certains élus locaux.
Sur place, bien qu'il lui ait serré la main, il n'a pas eu un seul mot envers la maire de la capitale San Juan, Carmen Yulin Cruz, qui a pourtant été l'une des premières à remonter ses manches pour venir en aide à la population sinistrée.
Elle avait exprimé son désarroi face à la lenteur de l'aide fédérale, mais l'occupant de la Maison Blanche lui avait répondu par un tweet cinglant en l'accusant de faire preuve "d'un leadership médiocre".
Excellente note sur la gestion des ouragans
L'avion présidentiel Air Force s'est posé peu avant midi sur la base militaire Luis Muñiz, à une quinzaine de kilomètres à l'est de San Juan, capitale de cette île des Caraïbes de 3,4 millions d'habitants. La Première dame Melania Trump était également du voyage, casquette sur la tête et toute vêtue de blanc et gris.
Juste avant de partir, M. Trump s'était décerné une excellente note sur la gestion des ouragans ayant frappé l'Amérique ces dernières semaines.
"Au Texas et en Floride, nous avons un A+. Et nous avons été tout aussi bons à Porto Rico alors que la situation était plus difficile, a dit M. Trump, portant parka sombre sur une chemise blanche et un pantalon beige.
Ce déplacement, comme celui prévu mercredi à Las Vegas après la fusillade qui a ensanglanté cette ville du Nevada et secoué l'Amérique, constituent un véritable test de leadership pour le président des Etats-Unis, huit mois après son arrivée au pouvoir.
Un test sur sa capacité à gérer des crises d'ampleur mais aussi, pour un dirigeant plus connu pour sa rhétorique enflammée que pour son empathie, à se poser en rassembleur, à consoler son pays.
Près de deux semaines après le passage dévastateur de cet ouragan de catégorie 4, Porto Rico panse toujours ses plaies: une grande partie des habitants vivent toujours sans électricité, sans accès à l'eau potable ou au carburant.
A la veille de son départ, l'ancien homme d'affaires de New York a une nouvelle fois défendu bec et ongles l'action de son administration: "C'est extraordinaire ce qui a été fait en un temps aussi court", a-t-il assuré depuis le Bureau ovale.
Si la mobilisation de Donald Trump après le passage des ouragans Harvey et Irma au Texas et en Floride a été globalement plutôt bien accueillie, celle concernant Porto Rico a été beaucoup moins consensuelle.
"Nous sommes scandalisés par la lenteur et l'inadéquation de la réponse du gouvernement américain à Porto Rico", a lancé Abby Maxman, présidente d'Oxfam America.
Mais au-delà des actes et des réels défis logistiques auxquels l'administration est confrontée dans ce territoire asphyxié par la dette et aux infrastructures chancelantes, ce sont les mots et le style du président américain qui ont surpris.
Comme souvent, sa réaction à coup de salves de tweets a semblé guidée par un critère central: les bons points pour ceux qui saluent son travail, les attaques ad hominem envers ceux qui émettent des critiques.
La maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz, exprime son désarroi face à une réponse fédérale ? L'occupant de la Maison Blanche lui répond par un tweet cinglant en l'accusant de faire preuve "d'un leadership médiocre". Dans la foulée, il s'en prend à "certains à Porto Rico" qui veulent que l'on fasse "tout pour eux".
Des déclarations qui donné lieu à de vives réactions dans la capitale fédérale américaine, jusque dans les rangs de son propre parti.
'100% avec eux'
"Il dira aux habitants qu'il est à 100% avec eux, aujourd'hui et sur le long terme", a assuré Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, soucieuse d'apaiser les tensions.
Car même si la visite s'annonce, comme tout déplacement présidentiel, soigneusement chorégraphiée, certains pourraient essayer de profiter de l'occasion pour dire haut et fort leur mécontentement.
Sur place, nombre d'habitants de cette île, située à quelque 2.500 km de Washington, ont en effet le sentiment d'avoir été traités comme des citoyens de seconde zone.
Une petite dizaine de manifestants anti-Trump s'étaient rassemblés mardi matin devant le quartier général des autorités porto-ricaines.
"Il vient pour un show médiatique, pour du spectacle. Il vient deux semaines après", a relevé Sonia Santiago, retraitée de 62 ans.
Une visite-éclair dans les Îles Vierges américaines, un temps évoquée, a été abandonnée pour des raisons logistiques: une rencontre avec le gouverneur Kenneth Mapp est prévue à San Juan.
"Nous allons rencontrer les premiers secours, les militaires, les équipe de la Fema (Agence de gestion des situations d'urgence), mais surtout, et c'est le plus important, les habitants de Porto Rico", a expliqué M. Trump.
Paradoxe de cette île au statut à part: le président ira à la rencontre d'Américains qui ne l'ont pas élu.
Les habitants de cette ancienne colonie espagnole devenue un territoire associé aux Etats-Unis (qui n'a pas le statut d'Etat à part entière) ont la citoyenneté mais ne peuvent voter lors du scrutin présidentiel.
Avec AFP