"Le ministère public a ordonné l'ouverture d'une information judiciaire contre 12 fonctionnaires publics et hauts cadres de ministères pour des faits présumés de corruption", a déclaré à l'AFP M. Sliti, confirmant des informations de presse.
Parmi ces personnes figure un ancien chef du contentieux de l'Etat --le représentant légal de l'Etat pour ce qui relève du domaine judiciaire-- "en poste entre 2011 et 2012", a-t-il ajouté. Il est soupçonné de "détournement de fonds publics".
Dans un communiqué, le ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières a fait état de "dysfonctionnements" constatés durant cette période, sur la base d'un rapport d'une "commission de contrôle des biens de l'Etat".
Il est apparu que l'Etat tunisien n'avait jamais touché des dédommagements financiers pourtant prévus par diverses décisions de justice en sa faveur, a-t-il ajouté.
M. Sliti n'a pas été en mesure de fournir d'éléments sur les sommes en jeu, relevant que l'instruction était "en cours". Des médias locaux ont toutefois avancé l'hypothèse de montants élevés, à hauteur de plusieurs millions d'euros.
Cette annonce intervient alors que les autorités tunisiennes proclament vouloir renforcer la lutte contre la corruption, perçue comme un des principaux freins à la relance de l'économie, six ans après la révolution.
A l'époque de la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali, les manifestations de rue avaient été marquées par de nombreux slogans anticorruption.
Depuis, la corruption d'Etat du régime Ben Ali a laissé place à une banalisation de la "petite corruption", suscitant l'amertume de la population.
Ce fléau a atteint un stade "épidémique", s'est récemment alarmé le chef de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Chawki Tabib.
Vendredi dernier, l'Inlucc et une ONG réputée, I-Watch, ont récompensé dix "lanceurs d'alerte" pour tenter de briser le mur de la peur autour de la dénonciation des cas de corruption.
Une partie de ces lanceurs d'alerte avaient exprimé leur désarroi face à l'absence de poursuites judiciaires après leurs dénonciations d'abus.
Dans le dernier classement de Transparency international sur l'indice de perception de la corruption dans le monde, la Tunisie stagne à la 75e place.
Avec AFP