En l'honneur du jeune homme, la date du 13 mars marque depuis 2012 la "Journée nationale de la liberté d'internet". Pour sa 6ème édition, La Poste a décidé d'émettre deux timbres rendant "hommage à tous ceux qui ont milité pour le droit d'accès à l'information et la liberté d'expression sur internet".
Le premier "est à l'effigie de feu Zouhaïr Yahyaoui, pionnier de la cyberdissidence", tandis que le second "illustre symboliquement la liberté d'Internet après la révolution", a indiqué l'institution publique dans un communiqué.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987 puis balayé par un soulèvement populaire en janvier 2011, Ben Ali avait instauré une dictature policière où internet était étroitement surveillé et de nombreux sites censurés. Jusqu'à la révolution, YouTube était interdit dans le pays.
Zouhaïr Yahyaoui, dit "Ettounsi" (le Tunisien), avait fondé en 2001 le site "Tunezine", sur lequel il publiait, avec d'autres opposants, des articles très critiques envers le régime. Inaccessible depuis la Tunisie sauf par proxy, le site était avidement lu par les opposants à Ben Ali à l'étranger.
Son combat a été mis en exergue samedi à l'occasion de nouvelles auditions publiques de l'Instance vérité et dignité (IVD), chargée de faire la lumière sur les multiples violations des droits de l'Homme des dernières décennies.
Zouhaïr Yahyaoui voulait "fournir un espace d'expression libre", a déclaré Adel Mizi, un responsable de l'IVD.
Son cas "est le plus emblématique (...) de la guerre contre la liberté d'expression sur internet de l'ancien système politique", a-t-il ajouté, lors d'une audition de la mère du cyberdissident, Khadija Yahyaoui.
Arrêté en 2002 pour "divulgation de fausses nouvelles", Zouhaïr Yahyaoui avait été condamné à deux ans et quatre mois de prison et fut torturé.
Placé en liberté conditionnelle en novembre 2003 mais affaibli par les sévices et des grèves de la faim, il est décédé en 2005 d'un infarctus, à 37 ans.
Une place portant son nom a été inaugurée dans son quartier de Ben Arous, en banlieue sud de Tunis.
Avec AFP