Plusieurs centaines de personnes se sont de nouveau rassemblées mercredi 20 janvier au matin à Kasserine, dans le centre de la Tunisie, où le décès d'un jeune chômeur en marge d'une manifestation a récemment ravivé les tensions sociales.
Les manifestants se sont rassemblés devant le gouvernorat, réclamant des "solutions" au problème chronique d'emplois, en particulier chez les jeunes, dans cette région défavorisée du pays.
Ils ont ensuite pris la direction du centre-ville, distant de quelques kilomètres.
Interrogé par la radio privée Mosaïque FM, le gouverneur Chedly Bouallègue a assuré que les autorités locales étaient à l'écoute des manifestants.
"Nous sommes en train d'accueillir des jeunes, des diplômés de l'enseignement supérieur, par groupes. Nous les écoutons, dialoguons et notons leurs revendications", a-t-il fait valoir.
Couvre-feu nocturne
Alors qu'un couvre-feu nocturne a été décrété mardi à Kasserine, une cité de quelque 80 000 habitants, M. Bouallègue a affirmé que celui-ci avait été globalement respecté.
Selon une source de sécurité, des incidents ont toutefois éclaté à Thala, ville située à 50 km au nord de Kasserine, où des manifestants ont brûlé des pneus.
Sollicité par l'AFP, le ministre de l'Intérieur n'était pas joignable dans l'immédiat.
La situation s'est tendue à Kasserine du fait du décès samedi d'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, qui s'est électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait notamment contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.
Des manifestations ont eu lieu le lendemain puis mardi, avec entre 500 et 1 000 manifestants scandant "Le travail est un droit".
Rassemblement prévu à Tunis
Des jets de pierre ont eu lieu, d'après un responsable du ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre faisant usage de gaz lacrymogène. Au moins 14 personnes ont été légèrement blessées. Des commerces ainsi que la Poste et des écoles ont fermé plus tôt que d'habitude en raison des troubles.
A Tunis, un nouveau rassemblement, après celui organisé lundi, devait avoir lieu mercredi à la mi-journée en soutien avec Kasserine, à l'appel de l'Union générale des étudiants de Tunisie (UGET).
Dès lundi, un haut responsable du gouvernorat de Kasserine a été limogé à la suite du décès du chômeur, et la présidence du gouvernement avait annoncé l'ouverture d'une enquête.
Depuis la révolution de 2011, Kasserine a plusieurs fois connu des mouvements de protestation dégénérant parfois en affrontements violents avec la police, sur fond de misère et de chômage persistants.
Avec AFP