Vers 10H30 (14H30 GMT), l'action de l'oiseau bleu abandonnait 17,11% à 35,60 dollars, dans un marché quasiment à l'équilibre (+0,04%).
Cette réaction rappelle celle qui a suivi les résultats de Facebook jeudi, l'action du premier réseau social au monde perdant 19% en une seule séance.
Twitter a eu beau publier vendredi un bénéfice historique de 100 millions de dollars, le troisième trimestre d'affilée dans le vert après plus de dix ans de pertes, les regards se sont concentrés sur la fréquentation de la plateforme.
Le nombre d'utilisateurs actifs mensuels, paramètre publié chaque trimestre par le site de microblog, a ainsi reculé de un million, à 335 millions, alors que le marché l'attendait en légère hausse.
Dans les documents publiés vendredi et durant la conférence téléphonique de présentation, les dirigeants du groupe ont lié ce recul aux multiples initiatives de rationalisation et de nettoyage de la plateforme.
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Twitter a fait un grand ménage depuis le début de l'année pour tenter de se débarrasser des utilisateurs qui tenteraient de se servir de ce canal à des fins de propagande ou de prospérer grâce à une économie de faux comptes et de faux abonnés.
Des dizaines de millions de comptes ont été supprimés à cette fin, même si le directeur financier Ned Segal a précisé vendredi qu'il s'agissait d'utilisateurs inactifs, non pris en compte dans la population des utilisateurs actifs mensuels.
Twitter cherche aussi à rationaliser le fonctionnement de sa plateforme pour les utilisateurs, qui ont parfois du mal à faire un tri efficace dans le flux qui se déverse sur le réseau social.
Le groupe de San Francisco entend se positionner en destination légitime pour s'informer, en complément de sa dimension réseau social.
Il agrège désormais des tweets autour d'un événement ou d'une information pour donner aux utilisateurs un aperçu de derniers développements sur le sujet, sans avoir à remonter le fil.
- "En sécurité" -
Il propose également d'envoyer aux utilisateurs des alertes, orientées sur leurs sujets d'intérêt.
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Ces initiatives n'ont cependant été annoncées et mises en place qu'en juin à l'occasion de la Coupe du monde de football, soit en fin de trimestre.
Revenu à la tête de l'entreprise mi-2015 après en avoir quitté la direction opérationnelle en 2008, le co-fondateur Jack Dorsey s'est lancé dans une réorientation stratégique avec la rentabilité en priorité.
La stratégie a été validée début 2018, avec la publication du premier bénéfice de Twitter, près de douze ans après sa création.
Avec les mesures prises depuis son retour et plus encore depuis le début de l'année, Jack Dorsey s'attache à faire de Twitter une destination respectable, prisée des annonceurs, et se débarrasser de l'image de grand fatras, parfois terrain d'expression de propagande et de haine, qui lui était régulièrement accolée.
"Nous voulons que les gens se sentent libres de s'exprimer, en sécurité", a assuré M. Dorsey vendredi.
Mais la patience n'est pas la première des caractéristiques des marchés boursiers, qui ont surtout retenu vendredi la baisse du nombre d'abonnés.
Pour M. Dorsey, ce léger repli découle pour partie de l'entrée en vigueur en mai de la directive européenne sur la protection des données (GDPR).
Ce tassement est aussi dû, selon lui, au refus de Twitter de prendre en charge le coût des SMS pour les utilisateurs qui accèdent au réseau par ce biais.
La tarification des SMS induit ainsi une baisse du nombre d'utilisateurs, qui ne souhaitent pas payer pour le service.
Le réseau social a estimé que ces deux facteurs avaient entraîné une perte de 3 millions d'utilisateurs actifs mensuels sur le trimestre.
Durement sanctionné vendredi, le titre est néanmoins un habitué des variations spectaculaires en Bourse et a déjà pris ou perdu, en plusieurs occasions, plus de 10% sur une séance.
Après la publication de vendredi, les analystes de Goldman Sachs ont indiqué qu'ils conseillaient toujours d'acheter le titre, qu'ils voient gagner plus de 50% d'ici un an.
Avec AFP