A l'occasion de la publication de plusieurs rapports, l'exécutif européen s'est efforcé de mettre en avant les "avancées" de l'Union ces derniers mois, face à une crise migratoire qui l'ébranle et la divise profondément.
La Commission s'est félicitée des "efforts accrus consentis par les Etats membres au cours des derniers mois" en matière de "relocalisations" des demandeurs d'asile dans l'UE depuis la Grèce et l'Italie.
Le commissaire aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a souligné les "plus de 1.200 relocalisations" ce mois-ci, plutôt que le bilan décevant de ce plan européen adopté en septembre 2015, appliqué au ralenti par les Etats membres, et attaqué en justice par la Slovaquie et la Hongrie.
Le Premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban, chef de file des contestataires, organise même le 2 octobre un référendum sur le principe de cette répartition obligatoire.
Selon les chiffres publiés mercredi par la Commission, 4.455 demandeurs d'asile, surtout syriens, ont été transférés depuis la Grèce et 1.196 depuis l'Italie en un an, sur un total initialement fixé à 160.000 personnes à répartir en deux ans.
Objectif 30.000
Il devrait "être possible de relocaliser les candidats à la relocalisation qui se trouvent encore en Grèce (30.000 environ) d'ici la fin de l'année prochaine", a donné comme horizon mercredi la Commission.
De facto, l'objectif de 160.000 avait déjà été révisé ces derniers mois, diminué de plus de 50.000 places que l'UE a rendues disponibles dans le cadre de l'accord migratoire conclu en mars avec Ankara, afin d'accueillir des réfugiés syriens dans l'UE directement depuis la Turquie.
Et cet accord avec la Turquie a considérablement réduit le nombre de nouveaux candidats potentiels aux relocalisations depuis la Grèce.
Sa mise en oeuvre "s'est poursuivie", malgré les craintes qui ont suivi le coup d'Etat avorté en Turquie, s'est d'ailleurs félicité mercredi le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, soulignant la baisse du nombre d'arrivées en Grèce de migrants.
Celui-ci est passé de 1.700 arrivées quotidiennes juste avant la conclusion de l'accord en mars à "85 personnes par jour en moyenne depuis juin", a insisté l'exécutif européen, qui ne s'est pas attardé sur les menaces continuant de fragiliser l'accord.
Visas 'en suspens'
Car l'une des contreparties exigées par Ankara, l'exemption des visas pour les Turcs dans l'espace Schengen, reste toujours incertaine, alors que le gouvernement turc a menacé de rompre l'accord avec l'UE si ce dossier n'avance pas d'ici octobre.
Il y a toujours "sept critères en suspens" que la Turquie doit remplir, a précisé la Commission européenne, incluant une modification des lois antiterroristes turques, jugées liberticides, mais qu'Ankara se refuse de modifier.
Sur un autre dossier sensible, le rétablissement d'un fonctionnement de la libre-circulation dans l'espace Schengen, sans contrôles aux frontières, la Commission joue la montre.
Elle considère que les cinq pays exceptionnellement autorisés en mai à prolonger les contrôles à leurs frontières (l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède et la Norvège), en raison de l'afflux de migrants, "respectent les conditions fixées" de cette prolongation inédite.
Mais cela "ne préjuge en rien de la décision quant à la prolongation ou non de ces contrôles, qui sera prise à l'expiration, le 12 novembre, de la période de six mois" autorisée, a ajouté la Commission.
Cette dernière avait fixé précédemment au mois de décembre 2016 son objectif d'un retour total à la libre-circulation dans l'espace Schengen.
"Il est probable que cet objectif (décembre: ndlr) sera repoussé", a indiqué à l'AFP une source européenne, estimant que la Grèce ne donnera probablement pas d'ici là de garanties suffisantes d'un contrôle de la frontière extérieure de l'UE.
Avec AFP