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L'UE insiste sur un accès "sans restriction" pour les humanitaires au Soudan


Un véhicule de l'Unamid passe par la route qui mène Tabit à Shangil Tobaya, le 27 mars 2011.
Un véhicule de l'Unamid passe par la route qui mène Tabit à Shangil Tobaya, le 27 mars 2011.

Les autorités soudanaises doivent garantir un accès sans restrictions aux travailleurs humanitaires, a souligné à l'AFP le commissaire européen à la gestion des crises Christos Stylianides, au lendemain du déblocage d'une nouvelle aide de l'Union européenne (UE) pour le Soudan.

Bruxelles a annoncé lundi accorder 106 millions d'euros pour soulager la crise humanitaire dans ce pays où de nombreuses personnes ont été déplacées par les conflits internes et qui accueille également des centaines de milliers de réfugiés du Soudan du Sud voisin.

Il est essentiel que l'aide arrive aux personnes qui en ont besoin, a souligné le commissaire lors d'un entretien avec l'AFP en marge d'une visite de deux jours au Soudan.

Pour cela, Khartoum doit garantir "un accès sans restrictions" aux travailleurs humanitaires: "c'est un aspect non négociable", a insisté M. Stylianides.

Depuis que les Etats-Unis avaient fait de l'accès sans restriction une des conditions pour la levée de leurs sanctions, Khartoum a davantage ouvert des zones de conflit et de tensions qui étaient auparavant interdites, reconnaissent des responsables humanitaires.

Washington a levé ses sanctions contre le Soudan le 12 octobre.

"Mais nous devons voir de plus en plus d'améliorations dans ces domaines sensibles car sans accès, les travailleurs humanitaires ne peuvent pas accéder aux personnes vulnérables", a expliqué le commissaire européen.

Le Soudan a été déchiré ces dernières années par des conflits meurtriers dans le Nil Bleu (sud-est), le Kordofan-sud (sud) mais surtout au Darfour.

Dans cette région occidentale, des insurgés issus de minorités ethniques s'estimant marginalisés, avaient pris les armes en 2003 contre le pouvoir de Khartoum, aux mains de la majorité arabe. Ce conflit a fait près de 300.000 morts tandis que 2,5 millions de personnes ont été déplacées, selon l'ONU.

Le président soudanais Omar el-Béchir est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre d'accusations de génocide et crimes de guerre au Darfour.

Outre, ces conflits internes, le Soudan a vu arriver plus de 460.000 réfugiés du Soudan du Sud, pays déchiré par une violente guerre civile depuis 2013.

Situation critique

"Il n'y a aucun doute, la situation humanitaire au Soudan reste critique", a relevé le commissaire européen.

Depuis 2011, l'UE a fourni 422 millions d'euros d'aide à ce pays africain.

"Nous continuerons à fournir de l'aide aussi longtemps que nécessaire", a ajouté M. Stylianides alors que les dons internationaux sont en forte baisse.

Les Nations unies prévoyaient en 2017 pour le Soudan une levée de fonds de 804 millions de dollars (684 millions d'euros) mais fin septembre, elles n'avaient récolté que 39% de ce montant.

Cette pénurie a provoqué la fermeture de dizaines de centres de santé dans les zones en conflit.

"Nous avons besoin de davantage de fonds et de donateurs", a insisté M. Stylianides.

Des ONG, comme le Enough Project basé à Washington, ont toutefois critiqué l'UE en affirmant que les fonds de Bruxelles étaient utilisés par les Soudanais pour renforcer les capacités de leurs forces de sécurité dans la lutte contre les migrants tentant de rejoindre l'Europe.

Mais le commissaire s'est défendu en affirmant que l'aide n'était pas distribuée à travers le gouvernement soudanais.

Selon lui, les Européens tentent surtout de favoriser le développement de l'Afrique, continent d'où partent des milliers de personnes pour l'Europe dans l'espoir d'une vie meilleure.

"La première priorité est de traiter les causes (des migrations) à la racine, en cherchant des investissements pour l'Afrique et en créant des emplois pour les jeunes en Afrique", a-t-il déclaré.

Avec AFP

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