Après un arrêt à Hawaï jeudi pour mettre en valeur son bilan environnemental, M. Obama atterrira à Hangzhou, dans l'est de la Chine, pour participer au sommet du G20, avant de poser le pied au Laos, une première pour un président américain.
La Maison Blanche voit dans cette semaine chargée en sommets l'occasion de mettre en valeur le "pivot" ou le "basculement" de l'Amérique vers l'Asie-Pacifique, l'un des piliers des huit années de la présidence Obama qui a érigé l'Asie au rang de région-phare de sa politique étrangère.
Le rencontre bilatérale entre M. Obama et son homologue chinois Xi Jinping, sur les rives du West Lake, à Hangzhou, fera l'objet d'une attention particulière.
L'exécutif américain voit dans Xi un interlocuteur aussi puissant que Deng Xiaoping, qui dirigea la Chine de 1978 à 1989, déterminé à faire taire les voix discordantes en interne, à montrer ses muscles dans la région et à mettre la Chine en avant sur la scène internationale.
"Xi est un acteur de type différent, il a plus de marge de manœuvre que ses prédécesseurs", souligne Jeffrey Bader, qui fut conseiller d'Obama pour l'Asie durant ses premières années à la Maison Blanche.
- 'Ni amis, ni ennemis' -
Cette situation a créé des ouvertures, comme sur le climat où les deux pays avancent désormais sur le même tempo, mais aussi des frictions, liées en particulier à la posture de plus en plus agressive de Pékin en mer de Chine, qui suscite l'ire des pays voisins.
"Obama a compris que nous pouvons étendre notre coopération et gérer les différences", souligne un responsable chinois, résumant la situation d'une formule : "Nous ne sommes ni amis, ni ennemis".
Des face-à-face moins formels comme ceux qui ont eu lieu à Sunnylands, en Californie, "ont permis aux deux hommes d'avoir des échanges francs et directs", explique à l'AFP l'ancien Premier ministre australien Kevin Rudd, spécialiste de la Chine.
"Cela permet d'avoir une vision plus claire sur nombre de sujets. C'est particulièrement important en Chine où toute décision majeure sur la relation avec les Etats-Unis passe par le président Xi", ajoute-t-il.
Les deux mandats d'Obama ont vu le renforcement significatif de la place de la Chine dans le monde, désormais au coeur de tous les grands enjeux mondiaux, de l'économie aux questions sanitaires et climatiques.
A Hangzhou, les deux hommes tenteront une nouvelle fois de trouver un équilibre subtil entre coopération et défiance.
- Ratification de l'accord climat ? -
Ils pourraient annoncer la ratification de l'accord sur le climat conclu à Paris en décembre. L'accord entrera en vigueur lorsque 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales auront acté leur adhésion.
L'entrée en vigueur de ce texte emblématique, dont Obama avait fait une priorité, devrait être une puissante incitation pour les Etats à enclencher une transition énergétique compatible avec l'objectif de limiter le réchauffement en dessous de 2°C.
Mais l'attitude de Pékin en mer de Chine reste un sujet de tensions. Les détracteurs du président américain dénoncent ce qu'ils jugent être un manque de fermeté sur le sujet.
L'exécutif américain défend une approche équilibrée : aller plus loin aurait signifié engager "une confrontation majeure" avec la Chine, souligne Evan Medeiros, qui fut chargée de l'Asie au sein du Conseil de sécurité nationale (NSC) de la Maison Blanche.
A Vientiane, M. Obama tentera de consolider un autre pilier de sa politique asiatique : le renforcement des liens avec les pays de l'Asie du Sud-Est.
Si ses prédécesseurs ont longtemps fait l'impasse sur les sommets de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean), le 44e président des Etats-Unis a mis un point d'honneur à y participer.
Il devrait saisir l'occasion d'un discours pour vanter une nouvelle fois les mérites du traité de libre-échange transpacifique (TPP), attaqué de toutes parts aux Etats-Unis et qui doit encore franchir l'obstacle du Congrès.
"Il mettra en avant le chemin parcouru dans la mise en place d'une architecture en Asie-Pacifique dans laquelle les Etats-Unis ont un rôle central", résume Ben Rhodes, l'un de ses proches conseillers sur les affaires étrangères.
Avec AFP