Le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité a aussi rejeté la demande de mise en liberté provisoire d'Etienne Fakaba Sissoko, détenu depuis fin mars, a dit Me Ibrahim Marhouf Sacko dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. L'avocat a dit son intention de faire appel.
"On n'est pas surpris, même si on avait dit qu'on avait confiance en la justice", a-t-il déclaré. M. Sissoko, économiste et professeur à l'université de Bamako, est la dernière en date des personnalités inquiétées pour leurs opinions discordantes sous les colonels qui ont pris par la force en 2020 la tête de ce pays confronté au jihadisme et à une crise politique profonde. Il est l'une des rares voix dissonantes à encore tenter de se faire entendre de l'intérieur.
M. Sissoko est mis en cause pour la publication en 2023 de "Propagande, agitation et harcèlement, la communication gouvernementale pendant la transition au Mali". La "transition" désigne la période durant laquelle les militaires disent vouloir stabiliser le pays avant de rendre le pouvoir à des civils élus. Les militaires viennent de manquer à leur engagement de céder la place d'ici à fin mars 2024 et aucune nouvelle échéance n'est fixée.
Une "communication gouvernementale hyper agressive" caractérisée par des "contenus aux caractères douteux" et des méthodes "basées sur la propagande, l’agitation, la manipulation et même le mensonge" a permis "une forte adhésion de la population", dit la fiche publiée sur son site par l'éditeur, l'Harmattan. Mais elle connaît "ses premiers revers, signes de son essoufflement", dit-elle.
M. Sissoko est poursuivi pour "atteinte au crédit de l'État", "injures" et "diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique". A l'audience le 6 mai, il a défendu l'intégrité scientifique de son livre comme reposant sur des faits et les contributions d'experts.
M. Sissoko, ancien conseiller du président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par les colonels et ancien analyste de la mission de l'ONU Minusma depuis poussée vers la sortie, avait déjà été écroué plusieurs mois en 2022.
Les autorités lui reprochaient ses critiques contre la tenue d'évènements publics au moment de Noël, préjudiciable selon lui aux chrétiens. Elles mettaient aussi en doute l'authenticité de ses diplômes. Mais selon son avocat, il était surtout inquiété pour s'être exprimé publiquement sur l'impact des sanctions alors imposées au Mali par ses voisins ouest-africains.
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