"Le puissant cardinal Oscar Maradiaga, fervent partisan d'une Eglise pauvre (...) a reçu pendant des années environ 35.000 euros par mois" des caisses d'une université catholique, écrit le journaliste d'enquête de L'Espresso, Emiliano Fittipaldi, sur son site internet.
Selon cet auteur d'enquêtes choc sur le Vatican, l'archevêque aurait reçu pour la seule année 2015 environ 500.000 euros et le prélat touchait cette somme depuis une dizaine d'années en tant que "Grand chancelier" de l'université catholique de Tegucigalpa.
Une partie de cet argent aurait été investi dans des fonds à Londres (comme Leman Wealth Management) et des sommes transférées sur des comptes allemands auraient disparu, avance l'hebdomadaire.
Le cardinal Maradiaga est à la tête du "C9", le conseil de cardinaux qui aide le pape à réformer le Vatican. Il a aussi été pressenti dans le passé pour devenir pape.
Dans sa réponse, livrée vendredi au site Catholic news agency (CNA), le cardinal explique que le même type de "calomnies" avaient été publié de manière anonyme il y a plus d'un an.
Il indique que l'université catholique est la propriété de l'archidiocèse de Tegucigalpa et a essaimé en onze campus à travers le pays.
L'archevêque-cardinal de Tegucigalpa précise que les sommes évoquées par l'hebdomadaire italien sont versées à l'archidiocèse et non à lui-même. Il réfute aussi les investissements à l'étranger détaillés par l'Espresso.
L'argent est employé pour "payer les frais de scolarité des séminaristes, financer la construction et la rénovation d'églises et procurer une assistance aux prêtres dans des zones rurales ou à ceux sans moyen de subsistance", explique le prélat, qui ajoute que l'argent sert aussi à aider les pauvres.
Dans une très courte réaction vendredi, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, avait confirmé l'existence "d'une enquête voulue en personne par le Saint-Père".
L'Espresso précise qu'un envoyé du pape, un évêque argentin, s'est rendu dans le pays en mai dernier pour écrire un rapport, sur la base d'une cinquantaine de témoignages (personnel de l'université, religieux, chauffeur et secrétaire du cardinal).
Sur ce point, le cardinal Maradiaga a stipulé à CNA que l'enquête papale portait en réalité sur son bras droit et évêque auxiliaire, Juan José Pineda, qui l'avait lui-même sollicitée "afin de blanchir son nom" entaché par des rumeurs.
L'Espresso met effectivement en cause ce responsable, en évoquant des dépenses qui pourraient avoir été effectuées avec l'argent de l'Eglise locale, notamment des somptueux cadeaux fait à un proche ami qui vit sous son toit.
Le journal rappelle que le cardinal Maradiaga aura 75 ans le 29 décembre prochain, un âge où tous les hauts prélats remettent leur démission entre les mains du pape qui décide de l'accepter ou non.
"Je continuerai à être au service (des réformes) aussi longtemps que le Saint père le souhaite", a rétorqué le cardinal hondurien, estimant que les attaques visaient à saper les efforts réformateurs du pape.
Avec AFP