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Un chef dissident de Boko Haram inculpé d'enlèvements et meurtres d'étrangers


Une capture d'écran du 24 décembre 2012 montre des membres du groupe islamiste Ansaru.
Une capture d'écran du 24 décembre 2012 montre des membres du groupe islamiste Ansaru.

Le leader du groupe islamiste Ansaru, faction dissidente de Boko Haram, a comparu mardi devant un tribunal de la capitale nigériane, Abuja, où il a été formellement inculpé d'enlèvement et d'assassinat de 10 étrangers.

Khalid Al-Barnawi, considéré comme un terroriste et sur la liste noire des Etats-Unis jusqu'à son arrestation au Nigeria en avril 2016, a comparu avec six autres accusés, dont sa deuxième épouse.

Les sept accusés ont plaidé non coupables et ont été placés en détention provisoire jusqu'à la prochaine audience du 11 avril.

Ils sont accusés des enlèvements de travailleurs expatriés au Nigeria entre 2011 et 2013, dont l'ingénieur italien Franco Lamolinara et son collègue britannique Chris McManus. Les deux hommes ont été tués par leurs ravisseurs à Sokoto (nord), peu après le début d'une opération conjointe de sauvetage britannique et nigériane.

Khalid Al-Barnawi est également accusé de l'enlèvement du Français Francis Collomp et de l'Allemand Edgar Raupach.

M. Collomp a été enlevé en décembre 2012 et détenu par Ansaru pendant près d'un an avant de réussir à s'échapper lors d'une évasion rocambolesque en novembre 2013.

L'enlèvement de M. Raupach fut au départ revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avec lequel Ansaru avait des liens. Le ressortissant allemand a été tué lors d'une opération militaire à Kano (nord), en mai 2012.

Les autres accusations d'enlèvement et d'assassinat portent sur sept ressortissants étrangers - deux Libanais, deux Syriens, un Italien, un Grec et un Britannique - capturés dans l'Etat de Bauchi (nord) en 2013. Ansaru avait revendiqué ces enlèvements.

Selon l'accusation, les sept otages avaient été emmenés dans les environs de la forêt de Sambisa, dans l'État de Borno (nord-est), et détenus pendant une dizaine de jours avant d'être tués et enterrés.

Halima Haliru, la deuxième femme de Barnawi, est uniquement accusée de ne pas avoir divulgué les informations en sa possession sur des "actes de terrorisme".

Ansaru est une branche de Boko Haram qui a fait dissidence en 2012, en raison de différends idéologiques et d'une rivalité entre le chef du groupe principal, Abubakar Shekau et Al-Barnawi, alors un de ses lieutenants. Originaire de la ville de Biu dans l'Etat de Borno (nord), il a été formé et entraîné en Afghanistan et en Algérie.

Al-Barnawi, de son vrai nom Usman Umar Abubakar, désigné en 2012 par les Etats-Unis comme un des membres les plus recherchés de la nébuleuse "terroriste", a été arrêté en avril 2016 à Lokoja, capitale de la province de Kogi (centre).

Le groupe s'est spécialisé dans les attaques et les assassinats de personnalités nigérianes et d'étrangers.

Pour Omar Mahmood, chercheur pour l'Institute for Security Studies (ISS) à Pretoria, ce procès est important, dans la mesure où Al-Barnawi est "peut-être le jihadiste nigérian le plus influent à être jugé" depuis des années. C'était un "dirigeant éminent" qui "représentait la branche du mouvement jihadiste nigérian la plus internationalisée et la mieux connectée" avec d'autres réseaux jihadistes à l'étranger.

Le procès sera très suivi. Le Nigeria n'a pas réussi à traduire en justice la plupart des nombreux jihadistes capturés ces dernières années.

Avec AFP

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