Le leader et fondateur du groupe armé Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), signataire en février d'un accord de paix entre le gouvernement et 14 groupes armés, avait été arrêté en novembre 2019 au Tchad, à la frontière avec la Centrafrique.
"Il est reproché à Abdoulaye Miskine la création et la direction d'un mouvement insurectionnel (ainsi que des) viols" a indiqué à l'AFP son avocat Me Mognan Kembetiade, qui affirme qu'il a été entendu par un juge d'instruction lundi et mis sous mandat de dépôt.
Le gouvernement centrafricain avait alors demandé son extradition, et l'ONU l'avait mis sous sanction.
"Il y a eu une plainte d'une famille tchadienne, la demande d'extradition des autorités centrafricaines et la manifestation d'intérêt de la Cour pénale internationale (CPI)", a égrainé le ministre tchadien de la Justice, Djimet Arabi, qui a confirmé que le chef rebelle avait "été mis sous mandat de dépôt le temps de finir l'instruction".
Son homologue centrafricain, le ministre Flavien Mbata, s'est félicité d'"un pas vers la justice, pour l'intérêt des victimes".
"Les autorités tchadiennes vont le juger et, respectant leur parole, assurer son transfèrement à la RCA et à la CPI, qui a une primauté de compétence. Si la CPI se dit prête, nous allons le confier à la CPI", a-t-il expliqué.
Figure historique de la rébellion depuis la première guerre civile centrafricaine en 2004, année au cours de laquelle il a créé le FDPC, Abdoulaye Miskine, de même que son groupe, a a perdu de son pouvoir sur le terrain ces derniers temps, mais garde des soutiens politiques et financiers, selon les observateurs du conflit.
Après avoir rejoint l'ex-rébellion Séléka, une coalition de groupes armés qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013, le "général" autoproclamé Miskine avait signé l'accord de paix de Khartoum du 6 février 2019 entre le gouvernement et 14 groupes armés, par lequel les signataires se partageaient notamment des postes au gouvernement.
Depuis l'accord de Khartoum, les violences ont baissé en Centrafrique mais n'ont pas réellement cessé, et près d'un quart des quelque 4,7 millions d'habitants de ce pays parmi les plus pauvres du monde ont été contraints de fuir leurs domiciles depuis 2013.