"Aujourd'hui, je demande au président de se soumettre à la volonté du peuple et de démissionner", écrit Ahmed Kathrada, 86 ans, dans une lettre datée du 31 mars et publiée samedi dans les médias sud-africains.
Le vétéran, membre du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), se joint ainsi au concert de critiques visant le chef d'Etat sud-africain et réclamant son départ. Ces appels à la démission font suite à l'arrêt historique rendu jeudi par la Cour constitutionnelle et estimant que Jacob Zuma n'avait "pas respecté la Constitution" en refusant de rembourser à l'Etat des frais de rénovation de sa propriété privée de Nkandla, dans l'est du pays.
Zuma, qui a longtemps nié toute irrégularité dans le financement public de ces travaux estimés en 2014 à 216 millions de rands (24 millions de dollars à l'époque), a fini par s'excuser vendredi soir, dans un discours télévisé à la nation, d'avoir eu recours aux fonds publics, reconnaissant avoir commis une faute constitutionnelle.
Il a également promis de se conformer à l'arrêt et de rembourser les frais engagés à titre privé. La Cour a en effet jugé que la piscine, le poulailler, l'enclos pour bétail et le centre pour visiteurs du domaine de Nkandla n'étaient en rien liés à la sécurité présidentielle.
"Etes-vous conscient, demande le vétéran au chef de l'Etat, que votre contribution remarquable à la lutte de libération se trouverait sérieusement ternie si votre mandat comme président continuait à être marquée par des crises et une perte de confiance grandissante dans l'ANC et le gouvernement?"
Ahmed Kathrada a rencontré Nelson Mandela en 1952 et rejoint son combat contre les lois de l'apartheid. Avant sa libération en octobre 1989, il a passé 26 ans en prison dont 18 dans celle de Robben Island, où Mandela a été détenu pendant 28 ans.
L'ANC est au pouvoir depuis la victoire de Nelson Mandela aux premières élections post-apartheid en 1994. Agé de 73 ans, Jacob Zuma reste soutenu par le parti anti-apartheid, bien qu'il traîne derrière lui toute une série de scandales. Son second mandat doit s'achever en 2019.
Avec AFP