Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, ont été "visés spécifiquement", a déclaré le chef de la police anti-terroriste, Mark Rowley, lors d'un point presse devant le siège de Scotland Yard à Londres.
Ils ont été victimes d'une "tentative de meurtre par l'administration d'un agent innervant", a ajouté le responsable policier, sans vouloir préciser la nature de cet agent.
"Notre rôle est désormais d'établir qui est derrière tout ça et pourquoi ils ont commis cet acte", a-t-il dit.
Sergueï Skripal et Youlia avaient été retrouvés dimanche, inconscients, sans blessure visible, sur un banc d'un centre commercial à Salisbury (sud de l'Angleterre), et hospitalisés.
Ils étaient toujours mercredi dans un état "critique", a indiqué le chef de l'antiterrorisme, annonçant également qu'un policier, l'un des premiers sur place, avait été hospitalisé dans un "état grave".
Un agent innervant est une substance chimique qui agit sur le système nerveux. Parmi les plus connus figurent le sarin, le tabun, ou encore l'agent VX, utilisé pour assassiner le demi-frère de Kim Jong-un en février 2017.
Etant donné la dangerosité de ces substances, le responsable de la police s'est voulu rassurant, affirmant ne pas penser "qu'il y ait le moindre risque pour la population".
- 'Incident grave' -
Signe de l'importance de l'affaire, qualifié "d'incident majeur" par Mark Rowley, le gouvernement britannique a tenu une réunion d'urgence mercredi.
Alors que le sujet suscite les spéculations les plus folles au Royaume-Uni, la ministre de l'Intérieur Amber Rudd a appelé à "garder la tête froide", expliquant que l'enquête "sera longue".
Sur le plan diplomatique, l'affaire Skripal continuait mercredi de provoquer des remous entre Londres et Moscou.
"Cette histoire a dès le début commencé à être utilisée pour doper la campagne antirusse dans les médias", a dénoncé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Bien que la police antiterroriste ait affirmé étudier toutes les pistes, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a pointé du doigt Moscou dès mardi.
Devant les députés britanniques, il a estimé que cette affaire faisait écho à l'empoisonnement au polonium-210 d'Alexandre Litvinenko, un ancien agent des services secrets russes, à Londres en 2006. Une enquête britannique avait mis en cause la responsabilité de Moscou.
"Si l'enquête démontre la responsabilité d'un État, le gouvernement répondra de façon appropriée et ferme", a prévenu M. Johnson devant les députés, avant de qualifier la Russie de "force néfaste et perturbatrice dans bien des aspects".
Dénonçant ces propos, Mme Zakharova a estimé que "cette histoire va finir comme d'habitude: d'abord, des accusations sans fondement, puis ils garderont leurs secrets et ni les journalistes, ni la population, ni les politiques ne sauront ce qui s'est réellement passé".
Ancien colonel du GRU, le service de renseignement de l'armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de "haute trahison" pour avoir vendu à partir de 1995 des informations aux renseignements britanniques, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l'objet d'un échange de prisonniers organisé entre Moscou d'une part, Londres et Washington d'autre part, et s'était installé en Angleterre.
Avec AFP