"Nous partons du principe qu'il s'agit dans cette affaire d'un acte classique d'un forcené" qui a agit manifestement sans motivation politique, a déclaré samedi à la presse le procureur de Munich Thomas Steinkraus-Koch, au lendemain de la tuerie.
"Il n'y a pas d'autres raisons" à cet acte qui a fait 9 morts et 16 blessés, a-t-il ajouté.
"Nous avons trouvé des éléments montrant qu'il se préoccupait des questions liés aux forcenés" auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a précisé le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä.
"Il n'y a absolument aucun lien avec (le groupe) Etat islamique", a-t-il déclaré.
Le tueur, un Germano-Iranien de 18 ans, né à Munich et qui fréquentait une école de la ville, a ouvert le feu sur des passants vendredi soir à proximité et dans un centre commercial. Après avoir tué les neuf personnes, de jeunes gens pour la plupart, et blessé 16 autres, il s'est donné la mort.
Fils d'un chauffeur de taxi et né en Allemagne, le jeune homme souffrait "d'une forme de dépression", a souligné le procureur.
"Il s'agit ici d'une maladie, d'une forme de dépression", a-t-il dit invitant dans le même temps à se montrer prudent sur les informations selon lesquelles il aurait suivi un traitement psychiatrique.
Les enquêteurs ont aussi établi un lien "évident" entre la fusillade et le tueur norvégien Anders Behring Breivik.
"Le lien est évident", a dit M. Andrä, en soulignant que la fusillade était intervenue 5 ans jour pour jour après le massacre de 77 personnes par l'extrémiste de droite Breivik.
Il 'riait comme toute personne normale
L'auteur de la fusillade, détenteur de la double nationalité allemande et iranienne, a agi seul et n'était pas connu des services de police. Il fréquentait une école de la ville et selon la police a probablement tendu un piège à un certain nombre des victimes en "piratant" un compte Facebook, afin de les attirer sur les lieux de la tuerie.
La police avait indiqué vendredi soir dans un premier temps "soupçonner un acte terroriste", avant de se montrer par la suite beaucoup plus prudente.
Samedi à l'aube, les forces de l'ordre ont effectué une perquisition dans la chambre occupée par le jeune homme.
Une voisine, interrogée par l'AFP sur les lieux, a toutefois affirmé connaître le jeune homme, "une bonne personne (...) qui riait comme toute personne normale".
"Je ne l'ai jamais vu en colère, je n'ai jamais entendu de problème avec la police ou avec les voisins", a témoigné Delfye Dalbi, 40 ans, qui affirme habiter au 1er étage et le jeune homme, fils de chauffeur de taxi, au 5e.
Sur une courte vidéo amateur largement diffusée sur les réseaux sociaux vendredi soir peu après la tuerie, et authentifiée par la police, on voit un riverain agonir d'injure l'auteur de la tuerie, vêtu de noir et un pistolet à la main.
"Sale métèque", lui lance-t-il. Une voix qui semble celle de l'assaillant lui répond: "Je suis Allemand, je suis né ici. Dans un quartier de Hartz IV", le nom de l'allocation chômage longue durée, synonyme en allemand de quartier défavorisé, avant de lancer : "J'étais en traitement hospitalier".
Munich s'est retrouvée en état de siège pendant plusieurs heures vendredi lors de la fusillade car la police a craint pendant longtemps que plusieurs auteurs soient à l'oeuvre et en fuite dans la ville.
- L'Allemagne sous le choc -
Les transports en commun ont été interrompus, la gare fermée et les habitants invités à rester chez eux, tandis que plus de 2.000 policiers étaient déployés. Au final, il s'est avéré que l'auteur avait agi seul et s'était donné la mort peu après les faits.
L'Allemagne reste sous le choc: cette tuerie est intervenue quatre jours seulement après une attaque à la hache dans un train régional également en Bavière commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans qui a revendiqué son geste au nom du groupe Etat islamique (EI).
Et selon le chef de la police de Munich, des éléments ont été découvert montrant que le Germano-Iranien avait suivi de près l'attaque à la hache.
A Berlin, la chancelière devrait s'exprimer en début d'après-midi après avoir réuni en milieu de journée ses principaux ministres. Certains d'entre eux ont interrompu leurs vacances après cette fusillade.
Dans tout le pays, les drapeaux ont été mis en berne en hommage aux victimes dont on ignore actuellement l'âge ou la nationalité. Selon Pristina cependant, trois des morts sont de jeunes Kosovars.
Avec AFP