Le HCR redoutait mercredi jusqu'à 500 morts dans un récent naufrage dans le sud de la Méditerranée qui relance les inquiétudes sur la reprise de cette voie migratoire ayant déjà connu nombre de désastres similaires.
"A un moment pendant le transfert, le plus grand bateau a chaviré et coulé", a poursuivi le HCR. Les 41 survivants sont ceux qui n'étaient pas encore montés à bord de ce second bateau, dont on ne sait pas d'où il était parti, et ceux qui ont réussi à nager jusqu'au plus petit bateau après le naufrage.
Des migrants arrivés dimanche à Kalamata (Grèce) après avoir été secourus la veille en haute mer ont raconté avoir assisté à ce naufrage, a expliqué à l'AFP Carlotta Sami, porte-parole pour l'Europe du Sud du Haut commissariat de l'ONU (HCR) pour les réfugiés, basée à Rome.
41 personnes ont survécu
Ces 41 personnes originaires de Somalie, du Soudan et d'Ethiopie -- 37 hommes, 3 femmes et un enfant de 3 ans voyageant avec sa famille -- décrivent "un grand naufrage qui a eu lieu en mer Méditerranée et qui a tué environ 500 personnes", a expliqué à l'AFP Carlotta Sami, porte-parole du HCR pour l'Europe du Sud basée à Rome.
Les migrants ont dérivé en mer jusqu'à être repérés et secourus samedi, puis débarqués à Kalamata dimanche, a-t-elle ajouté, précisant que la date du naufrage n'était pas claire.
Ces migrants avaient pris la mer près de Tobrouk, dans l'est de la Libye, à bord d'une embarcation délabrée transportant entre 100 et 200 personnes.
En pleine mer, ils ont rejoint un autre bateau déjà chargé de migrants, à bord duquel les passeurs ont essayé de faire monter les autres. Mais sous l'effet de la surcharge et du mouvement, ce plus grand bateau a chaviré.
"Parmi les 41 survivants se trouvent des gens qui n'avaient pas encore embarqué à bord du plus grand bateau ainsi que des gens qui ont réussi à nager jusqu'au plus petit bateau après le naufrage", a expliqué Mme Sami.
Alors que les départs de Libye, et dans une moindre mesure d'Egypte, enregistrent depuis quelques semaines, comme chaque année à cette saison, une forte progression, ce drame fait redouter une nouvelle année meurtrière en Méditerranée, dont la traversée a déjà coûté la vie à 761 personnes depuis janvier selon le HCR.
"Les témoignages concordent"
Selon la police portuaire grecque, ils ont été secourus au large de Pylos, dans le sud-ouest du Péloponnèse par ce cargo battant pavillon des Philippines. Hébergés dans le stade municipal de Kalamata, ils n'avaient pas mentionné de naufrage aux autorités.
"Les témoignages concordent", a assuré à l'AFP une porte-parole du HCR en Grèce, expliquant qu'un agent de l'organisation avait pu s'entretenir avec les survivants, avec l'aide d'un interprète. "Certains disent avoir perdu des proches", a-t-elle ajouté.
Selon une responsable de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Athènes, ils ont reçu un permis de séjour de 1 à 6 mois en fonction de leur nationalité.
En septembre 2014, un autre drame impliquant un transbordement en pleine mer avait déjà fait jusqu'à 500 morts: les migrants refusant de monter sur une embarcation plus petite, les passeurs avaient coulé leur bateau parti d'Egypte, dont le monde n'avait connu le sort que grâce à une dizaine de survivants exténués repêchés par hasard 36 à 48 heures plus tard.
Ce nouveau drame vient s'ajouter à une litanie déjà longue, au premier anniversaire du pire naufrage, qui avait fait jusqu'à 800 morts le 18 avril au large de la Libye.
Depuis, une véritable armada patrouille au large des côtes libyennes: opération Triton de l'agence de contrôle des frontières Frontex, opération navale anti-passeurs Sophia, opération Mare Sicuro de la marine italienne, mais aussi les bateaux privés affrétés par SOS Méditerranée ou d'autres ONG.
Mais cela ne suffit pas toujours: en août, un bateau de pêche surchargé a chaviré sous l'effet d'un mouvement de foule à l'arrivée de secouristes irlandais, qui avaient sauvé 360 personnes mais ont vu plus de 225 autres se noyer.
Dans un communiqué, le HCR a réclamé une nouvelle fois "l'augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d'asile en Europe" afin de faire baisser la demande pour "les dangereuses traversées clandestines".
Avec AFP