"Il n'y a pas eu réforme. Le MVCI va saisir la Cour pour dénoncer cette mouture de la réforme de la CEI", la Commission électorale indépendante, a déclaré lors d'une conférence de presse le député Alain Lobognon, du Mouvement pour la promotion des valeurs nouvelles en Côte d'Ivoire, un des partis soutenant l'ancien chef de la rébellion et ex-président de l'Assemblée nationale.
D'abord allié du président Alassane Ouattara, Guillaume Soro s'est brouillé avec lui et va se présenter à la présidentielle de 2020 contre le candidat du pouvoir.
Saisie par la société civile ivoirienne, la Cour africaine des droits de l'homme, qui siège à Arusha, en Tanzanie, avait rendu en 2016 un arrêt enjoignant au gouvernement ivoirien de réformer la commission.
Le projet de loi créant la nouvelle commission a, sans surprise, été adopté en séance plénière mardi par le parlement dominé par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition du président Ouattara.
La nouvelle CEI doit comprendre 15 membres, contre 17 auparavant: un représentant du président de la République, un du ministre de l'Intérieur, six de la société civile, six des partis politiques - équitablement répartis entre le pouvoir et l'opposition - et un représentant du Conseil supérieur de la magistrature.
La crédibilité de la CEI est jugée cruciale en vue de la présidentielle de 2020 qui s'annonce tendue, dix ans après la crise post-électorale ivoirienne. Celle-ci avait fait plus de 3.000 morts après le refus du président Laurent Gbagbo d'admettre sa défaite face à l'actuel chef de l'Etat, M. Ouattara.
Le ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité, Sidiki Diakité, assure que le texte "apporte un meilleur équilibre dans la composition des organes de la commission centrale, du bureau et des commissions locales".
L'opposition juge que la composition de la nouvelle commission ne présente pas de garanties d'indépendance, estimant qu'un trop grand nombre de ses membres seront nommés par le pouvoir ou des organismes liés au pouvoir en place.
Par ailleurs, M. Lobognon s'est félicité des "retrouvailles" entre les deux anciens rivaux et présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo lundi à Bruxelles. "Des contacts ont lieu" entre les états-majors de MM. Soro et Gbagbo, "Il faut laisser le temps au temps. Le premier qui a parlé de réconciliation c'est Guillaume Soro. Il ira tôt ou tard rencontrer le président Gbagbo", a-t-il dit.
Selon plusieurs experts, la rencontre augure d'une alliance électorale à laquelle pourrait également se joindre Guillaume Soro dans un front contre Ouattara ou son successeur.