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Un trafiquant érythréen extradé du Soudan vers l'Italie


À l'Université du Bénin, un panneau encourage les jeunes filles de combattre la prostitution et la traite d'être humain à Benin City, Nigeria, le 9 septembre 2006.
À l'Université du Bénin, un panneau encourage les jeunes filles de combattre la prostitution et la traite d'être humain à Benin City, Nigeria, le 9 septembre 2006.

Un Erythréen soupçonné d'être à la tête d'un important réseau de trafic de migrants a été extradé depuis le Soudan vers l'Italie.

Son arrestation est "un tournant dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains", s'est félicité le procureur de Palerme (Sicile) Francesco Lo Voiu, chargé de l'enquête.

Si l'Italie a déjà arrêté des centaines de migrants soupçonnés de complicité avec les réseaux de passeurs et jugé des dizaines d'entre eux, c'est la première fois qu'un responsable de trafic d'êtres humains est arrêté en Afrique et extradé en Italie.

Medhanie Yehdego Mered, 35 ans, recherché depuis 2015 pour trafic d'êtres humains, a été arrêté fin mai à Khartoum et a été extradé lundi soir vers l'Italie.

La police a diffusé une vidéo de la descente d'avion, dans laquelle on voit, encadré par deux agents, un homme relativement petit, portant une chemise rouge et une boucle d'oreille, la chevelure fournie en bataille.

Selon un communiqué commun du ministère soudanais de l'Intérieur et des ambassades d'Italie et du Royaume-Uni à Khartoum, il est soupçonné d'être le chef de "l'une des quatre plus grandes organisations criminelles de trafic de migrants".

Selon des écoutes téléphoniques, il était surnommé le "général", en raison du contrôle qu'il exerçait sur une vaste zone et un grand nombre d'affidés.

Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir organisé à partir de 2013 le voyage, souvent mortel vers l'Europe, de centaines de personnes par mois, pour la plupart de jeunes hommes originaires d'Ethiopie, d'Erythrée, de Somalie et du Soudan, à travers le Sahara puis la Méditerranée.

Son réseau est en particulier accusé d'avoir organisé le départ d'un bateau qui a pris feu et coulé en octobre 2013 au large de l'île italienne de Lampedusa, faisant plus de 356 morts.

Son arrestation est "un tournant dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains", s'est félicité le procureur de Palerme (Sicile) Francesco Lo Voiu, chargé de l'enquête.

"Mépris absolu de la vie"

Le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano, a salué dans un communiqué "un résultat extraordinaire (...), une étape fondamentale dans la lutte contre le trafic d'êtres humains", et rappelé la nécessité de "stopper par tous les moyens les marchands de mort".

Selon les enquêteurs, Medhanie Yehdego Mered assurait directement la coordination avec d'autres responsables de réseaux de passeurs pour les routes terrestres et organisait régulièrement des départs en mer en direction des côtes siciliennes.

De plus, "il informait aussi ses collègues trafiquants en Italie des arrivées de bateaux, pour permettre à ces migrants de continuer leur voyage vers leur destination finale" en Europe, a expliqué la police italienne.

Les écoutes téléphoniques ont révélé qu'il était en contact avec des homologues en Europe, en particulier aux Pays-Bas et en Scandinavie. Les utilisateurs des téléphones placés sur écoute se déplaçaient d'ailleurs perpétuellement entre la Libye, le Soudan, l'Ethiopie, l'Erythrée, les Emirats arabes unis et plusieurs pays européens.

"Cette activité criminelle extrêmement rentable était menée avec un mépris absolu de la vie humaine", ont dénoncé le ministère soudanais et les deux ambassades dans leur communiqué.

Entre 2012 et son arrestation, Medhanie Yehdego Mered est également accusé d'avoir joué un rôle essentiel dans la libération de migrants en soudoyant des policiers, pour ensuite extorquer de l'argent auprès de leurs familles, selon la police.

Des dizaines de milliers de migrants arrivent chaque année par la mer en Italie, principalement depuis l'Afrique subsaharienne. Selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), l'Italie a déjà enregistré cette année plus de 48.500 arrivées.

Mercredi, plus de 800 migrants ont encore été secourus au large de la Libye, entassés à bord de canots pneumatiques, selon les gardes-côtes italiens qui coordonnent les opérations dans la zone.

Le voyage reste extrêmement dangereux: au moins 10.000 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée depuis 2014, dont au moins 880 dans la dernière semaine de mai.

Avec AFP

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