Une famine qui menace un million de personnes:
Le 20 février, le gouvernement sud-soudanais et l'ONU ont déclaré l'état de famine dans les comtés de Leer et Mayendit dans l'ancien Etat d'Unité (Nord).
L'ONU estimait alors que plus de 100.000 personnes étaient déjà touchées par la famine et qu'un million d'autres étaient sous la menace dans les prochains mois.
Au total, 5,5 millions de personnes dépendent de l'aide alimentaire.
Dans les zones rurales, les villageois, qui doivent souvent se cacher pour échapper aux combats, en sont réduits à manger des feuilles d'arbres ou des semences, très peu nutritives.
Affaiblis et affamés, ils boivent de l'eau insalubre tirée de mares ou de rivières, qui fait du choléra une menace permanente.
A la mi-avril, 6.222 cas de choléra, dont 172 mortels, avaient été recensés depuis le déclenchement de l'épidémie en juin 2016. La saison des pluies à venir pourrait aggraver la situation.
La guerre civile a fait plus de 1,9 million de déplacés dans le pays et plus de 1,7 million de réfugiés dans les pays voisins. Ces personnes ont perdu leur foyer, leurs récoltes et leur bétail.
L'Ouganda accueille à lui seul 805.000 Sud-soudanais, dont 194.000 qui sont arrivés depuis le début de l'année.
Une famine provoquée par l'homme:
L'ONU considère que la famine n'est pas d'origine climatique, mais est "causée par l'homme".
Plus de trois années de conflit ont limité la production agricole, provoqué la destruction des stocks, engendré une inflation galopante et forcé les gens à fuir leur foyer.
Le Soudan du Sud, plus jeune nation au monde, a proclamé son indépendance du Soudan en juillet 2011.
En décembre 2013, il a plongé dans la guerre civile, sur fond de luttes de pouvoir teintées de rivalités ethniques entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
Le conflit est un interminable catalogue d'effroyables atrocités contre les civils commises par les deux camps: massacres ethniques, enrôlement d'enfants soldats, viols de masse, esclavage sexuel, meurtres, tortures...
Selon l'analyste Alan Boswell, spécialiste du pays, la famine "n'est pas accidentelle, mais délibérée", le gouvernement utilisant "le blocus alimentaire comme arme de guerre".
Selon un rapport d'enquête de l'ONU, les zones touchées par la famine sont d'ailleurs favorables à l'opposition. L'ancien Etat pétrolier d'Unité est ainsi une région nuer, d'où est originaire Riek Machar.
La réponse humanitaire:
L'ONU évalue à 1,6 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros) les besoins de financement pour lutter contre la famine au Soudan du Sud.
Les donateurs ont pour l'heure versé 439,8 millions de dollars (403 millions d'euros), soit 27% du total nécessaire.
Les humanitaires travaillent dans des conditions particulièrement difficiles, les autorités comme l'opposition les empêchant d'accéder à certaines zones.
Sur le terrain, ils doivent négocier avec les différents acteurs du conflit, ce qui demande du temps et de l'argent. Dans les zones de combat, ils sont harcelés en permanence et confrontés au pillage de l'aide.
Au moins 82 travailleurs humanitaires ont été tués au Soudan du Sud depuis décembre 2013, dont 14 en 2017, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Avec AFP