Persécution, mise à l'écart, pression sociale: la stigmatisation des malades de Covid-19 est de plus en plus accrue et les personnes dont les tests sont positifs sont sidérées par cette situation.
Papa Baba Kébé, récemment guéri du coronavirus, affirme qu'il ne comprend pas réellement pourquoi les gens s'acharnent sur les cas positifs. "Si on a le virus, ce n'est pas parce qu'on a été sale, ce n'est pas parce qu'on a été négligeant, c'est quelque chose qui doit arriver et quand ça arrive tu n'y peux rien", se lamente-t-il.
Il ajoute ne pas comprendre les "gens qui fuient les malades, qui essaient de les éviter et de les stigmatiser" puisque c'est un combat collectif où tout le monde doit "faire face à un ennemi inconnu qui se déplace à tout va, un ennemi invisible" .
La maladie a fait l'objet d'un certain rejet, voire d'un certain déni de la part des populations à cause de la méthode non inclusive utilisée au départ par les autorités. C'est l'analyse du sociologue Djiby Diakhaté, qui a décidé de lancer l'initiative "Navétanes Covid-19" en partenariat avec les collectivités locales et les acteurs communautaires pour sensibiliser et impliquer les populations.
"Les périodes de vacances sont des périodes de compétition entre des associations sportives et culturelles (ASC) qui évoluent dans des quartiers différents. C'est une effervescence populaire sans précédent autour du mouvement Navétanes qui est un mouvement de compétitions sportives essentiellement articulé autour du football pendant les grandes vacances", affirme-t-il.
Le sociologue a donc eu l'idée d'utiliser cet appareil pour mobiliser les communautés autour de la lutte contre la transmission communautaire. Et donc l'idée c'est "au lieu de mettre les équipes face-à-face autour d'une compétition de football, de les mettre face-à-face autour d'une compétition de sensibilisation et de communication de proximité".
Sur le terrain, les associations s'activent à faire du "porte à porte" pour capter l'attention des familles. Ces jeunes, considérées comme les acteurs communautaires les plus proches des populations, rencontrent cependant des difficultés dans la sensibilisation, comme l'indique Mawo Diouf de l'ASC Grand-Yoff.
"Beaucoup prennent cette maladie comme une maladie de la honte donc on sensibilise, on conscientise les populations sur le respect des mesures barrières", précise le jeune homme.
Sous un autre angle, les ASC essayent "tant bien que mal de réveiller les esprits, de faire comprendre que cette maladie est comme toute autre maladie" et qu'il n'y a pas de honte à être atteint. "Toute personne affectée par le virus doit avoir un soutien médical, plus encore un soutien moral", conclut Mawo.
Pendant un mois et demi, les ASC seront en compétition pour développer des actions de sensibilisation visant à mobiliser les leaders communautaires, à mettre en place un dispositif de surveillance et de vigilance citoyenne afin de couper la chaîne de transmission du coronavirus. L'association jugée la plus performante sera sacrée championne des "Navétanes Covid-19".