"Les manifestants qui tentaient de se regrouper au rond-point des Nations unies", au coeur de la capitale burkinabè, "ont été dispersés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes", a relaté à l'AFP l'un des organisateurs de la manifestation, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Un important dispositif sécuritaire avait été installé autour la place de la Révolution, plus grand lieu de rassemblement de Ouagadougou, où les manifestaient comptaient également se rassembler.
"Pascal Zaida, le coordonnateur du Cadre d'expression démocratique, qui organisait la marche, a été arrêté et conduit à la direction de la Sûreté tout comme trois autres manifestants", a regretté l'organisateur, précisant qu'il s'agissait d'un "meeting de veille citoyenne" pour dire "non à la mal gouvernance, aux tribunaux d'exception, aux détentions arbitraires et aux attaques terroristes".
La police nationale a confirmé dans un communiqué ces arrestations, précisant qu'il s'agit de "quatre personnes, dont M. Zaida Pascal" qui "s'étaient regroupées aux environs de la Maison du Peuple (et) ont par trois fois forcé les barrages mis en place par la police".
"Une procédure judiciaire a été diligentée et les personnes interpellées seront conduites devant les autorités compétentes", a indiqué la police, soulignant que "les initiateurs de la manifestation avaient été convoqués par les services de la police nationale pour être mis en garde contre d'éventuels débordements à la suite de leur manifestation".
Initialement prévu le samedi 7 octobre place de la Nation, la manifestation avait été interdite par la mairie de Ouagadougou, en raison des "risques d'affrontement et de débordement".
Y voyant une "une atteinte à la liberté de manifester", le CED avait reconduit son mouvement, appelant ses militants à "envahir les rues de Ouagadougou".
"C'est notre droit, nous sommes libres de manifester comme la Constitution le garantit. Il n'appartient pas à un individu ou à un groupuscule de confisquer la liberté", avait estimé M. Zaïda.
En mai, plusieurs organisations de la société civile ont créé une coalition contre la "mal gouvernance" dont elles accusent le régime du président Roch Marc Christian Kaboré, élu à la tête du pays en novembre 2015.
En février dernier, l'opposition avait jugé "chaotique" la gestion du président Kaboré pendant sa première année au pouvoir.
M. Kaboré s'est engagé à faire reculer la pauvreté dans son pays, l'un des moins développés de la planète. Son gouvernement a lancé un ambitieux "plan national de développement économique et social" de 28 milliards d'euros sur cinq ans.
Avec AFP