900 des premiers 1000 tracteurs, sortis de l’usine d’assemblage du complexe industriel d’Ebolewa, sont d’ores et déjà, entre les mains des producteurs individuels, des groupes d’initiatives communes, des confessions religieuses et de certaines collectivités territoriales.
Ces engins sont destinés à accroître principalement la production de riz, de maïs, ou encore de manioc.
"Avant, on ne pouvait pas cultiver 10 hectares, avec les bœufs de trait, c’était difficile", se rappelle Gabriel Doubasso, responsable d’une coopérative de production de riz, à Yagoua, dans la région du Nord du Cameroun, à plus de 1400 km de Yaoundé.
"Depuis que le ministère de l'Agriculture et du développement rural et celui de l'Economie, de la planification et l’aménagement du territoire nous ont remis les tracteurs, nous avons aujourd’hui plus de sept sites de 350 hectares", se réjouit M. Doubasso, contacté par VOA Afrique.
Le producteur égrène avec beaucoup de satisfaction l’extension de ses cultures dans la localité de Yagoua.
"La première année d’utilisation de ces tracteurs, nous avons cultivé 50 hectares ; la deuxième année, nous nous sommes retrouvés à 200 hectares et la troisième année, nous sommes à plus de 400 hectares", évoque t-il.
Depuis la mise à disposition des tracteurs aux agriculteurs, ils ont aussi contribué à diversifier la mécanisation agricole au Cameroun, à travers d’autres cultures comme la banane-plantains, l’ananas, le palmier à huile et le sésame.
"Il nous avait été accordé 6 tracteurs à 100% pris en charge par l’Etat", confie à VOA Afrique, Jean Marie Sop, président du conseil d’administration d’un agropole de production d’ananas à Lowé dans la région du littoral.
"C’est l’élément essentiel qui a permis à ce que l’agropole puisse passer de ces petites quantités qu’il faisait avant, et de manière très archaïque, à une agriculture qui s’approche de l’agriculture moderne de deuxième génération", ajoute M. Sop.
Dans la région de l’ouest du Cameroun, la valeur ajoutée des tracteurs du complexe industriel d’Ebolewa s’évalue en termes de nouveaux emplois.
"Ces tracteurs ont amélioré l’économie de pratiquement plus de 60%. Nous avons augmenté le nombre d’employés parce qu’il fallait des maintenanciers, des ingénieurs de suivi, des tractoristes. Avant l’acquisition des tracteurs, nous étions à 60 hectares ; et après l’acquisition, nous avons augmenté de 120 hectares", explique Marie Yvonne Tagne, communicatrice d’une société de production et de transformation de riz, située à quelques kilomètres de Bafoussam.
Au stade actuel, l’assemblage et la mise à disposition des tracteurs aux agriculteurs camerounais constituent la phase 1 d’un programme baptisé "Périz-Maïs-Manioc" créé le 11 juillet 2012.
"Tout le monde peut être bénéficiaire d’un tracteur. Il faudrait prouver que vous avez au moins une trentaine d’hectares, et prêter les services auprès de vos voisins. On autorise que l’intégralité du remboursement se fasse sur une période de trois ans parce que ces tracteurs sont subventionnés", souligne, Janvier Um Oulema, coordonnateur du programme "Périz- Maïs- Manioc".
Dans une deuxième phase, il est envisagé de doter chaque chef de régions du Cameroun d’un pool de machines afin de viabiliser les exploitations, désenclaver les bassins de production et mieux préparer les sols cultivables, avant l’entrée en jeu des tracteurs.