"Les arrestations de trafiquants de bois, même en flagrant délit, font rarement l'objet de condamnations judiciaires au Gabon et nous attendons toujours des suites judiciaires sur l'interpellation d'exploitants illégaux début septembre, pour l'instant remis en liberté", a déclaré mercredi à l'AFP Luc Mathot, directeur de l'ONG internationale Conservation Justice (CJ), basée à Libreville, qui lutte contre le trafic de bois et le braconnage.
Début septembre, cinq suspects ont été placés en garde-à-vue à Fougamou (centre), dont deux forestiers, Gao Jingzhu dit "Jimmy" et Eyamane Jean Parfait, de la société Talibois, présente dans la province de la Ngounie (centre).
Ils ont été pris en flagrant délit d'exploitation sans aucune autorisation, dans une zone forestière de plusieurs centaines d'hectares "ravagée", selon M. Mathot.
Les cinq suspects, ont été remis en liberté il y a dix jours par les autorités de la province, qui ont estimé qu'ils présentaient des garanties suffisantes de représentation.
CJ dénonce "les complicités par lesquelles se protègent certains exploitants forestiers et le manque de sanctions dissuasives qui pourraient freiner leurs activités illégales".
L'ONG plaide aussi pour une révision du système des "amendes transactionnelles", qui permet à un exploitant en situation d'irrégularité de payer une amende à un représentant des Eaux et Forêts, évitant ainsi de passer devant la justice. Ce système "encourage la corruption des agents publics", selon M. Mathot.
"En Afrique, le Gabon a été pionnier en matière d'aménagement forestier et plusieurs sociétés forestières respectent les principes et les règles", tempère M. Mathot.
Recouvert à environ 85% de forêts, le Gabon exporte une soixantaine d'essences de bois, et le secteur forestier fait partie du plan de diversification économique du pays qui veut sortir de sa dépendance au pétrole.
Si le blanchiment de bois et l'exploitation forestière illégale prenaient fin, l'Etat pourrait gagner "des dizaines de milliards de FCFA annuellement" estime CJ.
Avec AFP