L'ONG Twaweza ("nous pouvons y arriver" en swahili) a publié la semaine dernière les résultats d'un sondage d'opinion sur l'état de la démocratie en Tanzanie. Réalisé auprès d'environ 1.200 personnes, il a révélé que les citoyens avaient l'impression que leurs libertés avaient diminué depuis l'accession au pouvoir en 2015 de M. Magufuli, présenté par ses partisans comme un "homme du peuple" luttant contre la corruption.
En 2016, une enquête de Twaweza - qui ne lui avait valu aucune critique - avait indiqué que le président Magufuli était populaire auprès de 96% des personnes interrogées. Selon le dernier sondage de l'ONG, ce pourcentage est tombé à 55%, le chiffre le plus bas jamais enregistré pour un président dans l'histoire de la Tanzanie.
Le directeur général en exercice de la Commission pour la science et la technologie (Costech), Amos Nungu, a confirmé au cours d'une conférence de presse le contenu d'une lettre, circulant sur les réseaux sociaux, qui fustige Twaweza pour ce sondage.
"Vous êtes par la présente sommés d'exposer, d'ici à sept jours (...), les motifs pour lesquels des poursuites légales appropriées ne devraient pas être engagées contre votre organisation par l'autorité compétente", peut-on lire dans cette lettre datée du 9 juillet.
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M. Nungu a accusé Twaweza de ne pas avoir respecté les "procédures d'enquête" et a accusé l'ONG d'avoir fait fuiter la lettre.
Une accusation rejetée par le directeur de Twaweza, Aidan Eyakuze. Il a indiqué que son organisation "travaillait à (la) réponse" à apporter à ces allégations et qu'elle serait rendue publique lundi.
Pour le porte-parole du mouvement d'opposition Alliance pour le changement et la transparence, Ado Shaibu, le gouvernement tente de museler Twaweza.
"Les partis d'opposition et le parti au pouvoir ont souvent fait l'objet de sondages de Twaweza sans problème. Je pense que cette fois-ci, la Costech a écrit à Twaweza parce que le sondage n'était pas favorable au gouvernement", a-t-il déclaré jeudi au cours d'une conférence de presse.
Depuis son accession au pouvoir, le président Magufuli a été critiqué par des organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile pour son autoritarisme. Ses détracteurs l'accusent de réprimer l'opposition et la liberté d'expression.
Avec AFP