"A la suite de l'actuel débat sur la campagne électorale de membres du gouvernement turc en Allemagne, la Sarre va prendre toutes les mesures nécessaires pour interdire de tels évènements sur le sol sarrois", a indiqué l'exécutif de cette région d'un million d'habitants frontalière de la France.
L'Allemagne a été la première début mars à s'attirer les foudres du président Recep Tayyip Erdogan après que des municipalités ont interdit à des ministres turcs de promouvoir le oui au référendum du 16 avril sur le renforcement des prérogatives présidentielles.
Le chef de l'Etat turc a répliqué en accusant à maintes reprises Berlin d'user de méthodes nazies.
La Sarre est le premier des seize Etats régionaux allemands à décider d'une interdiction générale, alors que le gouvernement fédéral a lui toujours indiqué ne pas être opposé à des réunions électorales pro-Erdogan dès lors moment qu'elles se déroulent en conformité avec la loi.
La crise est devenue européenne cette semaine après que les Pays-Bas ont fermé le pays à deux ministres turcs venus faire campagne. Là aussi M. Erdogan a lancé des accusations de nazisme, et a d'une manière générale dénoncé le comportement de l'UE à son égard.
"A chaque manifestation (de campagne turque), ces déclarations provocatrices pourraient être répétées. Un tel comportement pénalement répréhensible ne peut être toléré", a souligné dans le communiqué la chef de l'exécutif de Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, membre du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel.
Elle a aussi jugé important que sa région empêche la promotion d'un renforcement"antidémocratique" des pouvoirs de M. Erdogan. "Notre démocratie libérale ne doit pas être un refuge pour ceux qui font la promotion d'objectifs antidémocratiques", a-t-elle dit.
Le ministre fédéral de l'Intérieur Thomas de Maizière s'était dit peu avant "pas favorable" sur un plan personnel à ce que des campagnes électorales pour des scrutins à l'étranger soient menées en Allemagne.
L'exécutif régional indique dans son communiqué que la loi autorise "d'imposer des restrictions aux activités politiques de représentants de gouvernements étrangers pour assurer la protection de l'ordre et de la sécurité publics".
Enfin, les autorités régionales ont mis en avant le risque d'importation en Allemagne des "conflits inter-turcs".
Le gouvernement fédéral de Berlin a déjà à maintes reprises appelé les responsables turcs à ne pas attiser en Allemagne les conflits opposants pro et anti-Erdogan, Turcs et Kurdes.
Avec trois millions de personnes, l'Allemagne compte la plus grosse diaspora turque au monde. Près de la moitié ont le droit de voter pour les scrutins turcs, et représentent donc un électorat non négligeable en vue du référendum du 16 avril.
Avec AFP