En décembre 2015, de violents affrontements avaient éclaté à Zaria, fief de l'IMN, groupe chiite partisan de l'instauration d'un régime à l'iranienne dans l'Etat de Kaduna (nord), lors de la visite d'un général de l'armée.
En avril dernier, Amnesty International avait accusé l'armée d'avoir tué plus de 350 musulmans chiites, d'avoir enterré les cadavres dans une fosse commune et d'avoir détruit les preuves.
Une commission publique d'enquête avait confirmé par la suite dans un rapport que l'armée nigériane avait "utilisé une force excessive" et que les auteurs du massacre devaient être tenus responsables.
Mais dans un communiqué rendu public vendredi soir, le gouverneur de l'Etat de Kaduna Nasir El-Rufai a affirmé que l'IMN représentait une menace pour le Nigeria.
"Le gouvernement de l'Etat de Kaduna a donné l'ordre de déclarer le Mouvement islamique du Nigeria illégal", indique le communiqué, précisant qu'il s'applique à "toute organisation dont les activités sont dangereuses pour la sécurité et la bonne gouvernance de l'Etat".
Le groupe a affirmé pour sa part "condamner cette décision illégale", annonçant qu'il ferait appel.
"Nous ne sommes pas surpris par l'annonce du gouvernement de l'Etat de Kaduna d'interdire l'IMN," a déclaré son porte-parole Ibrahim Musa, à l'AFP. "Que peut-on attendre de quelqu'un qui vous attaque chez vous, tuant des gens par centaines et détruisant vos maisons sans raison?"
L'armée nigériane, souvent accusée d'abus à l'encontre des civils, maintient que ses troupes ont réagi de manière appropriée contre ceux qu'ils décrivent comme "des ennemis criminels de l'Etat" et nie les accusations de massacre.
Le chef de l'IMN, Ibrahim Zakzaky, incarcéré plusieurs fois par le passé, est une nouvelle fois en détention. Blessé après les heurts avec l'armée, il est partiellement paralysé et a perdu un oeil.
La moitié de la population du Nigeria est musulmane, quasi entièrement sunnite, avec une petite minorité de chiites, selon les chiffres officiels.
Avec AFP