Chaque année dans le monde, 22 millions d’avortements sont réalisés hors cadre hospitalier. Au total, « 22 000 femmes perdent la vie suite à un avortement clandestin, en lien direct avec le manque d’hygiène », selon une étude de l’Institut Guttmacher publiée dans la revue, « An international Journal of Obstetrics & Gynaecology » (BJOG).
Des chercheurs de l’Institut Guttmacher aux États-Unis ont évalué l’impact de ces IVG et des séquelles qu’ils laissent. Ils ont découvert que dans les 26 pays en voie de développement observés pour l’étude, « 8 millions de femmes âgées de 15 à 44 ans souffrent de complications liées à une interruption volontaire de grossesse hors-cadre hospitalier », précise le Dr. Susheela Singh, qui a dirigé l’étude. Au total, seulement 5 de ces 8 millions de femmes reçoivent les soins nécessaires. Les Pakistanaises sont les plus impactées avec 14,6 femmes prises en charge pour 1 000 avortements ». Contre 2,4 pour 1 000 au Brésil.
« Cela signifie qu’une femme s’est confiée soit à quelqu’un qui n’était pas formellement formé pour rendre ce service, soit qui n’avait pas les aptitudes nécessaires. Ou elle s’est rendue dans un lieu non hygiénique, et donc, il y avait un risque de développer une infection, même si la personne était qualifiée », explique le Dr. Singh.
Qui pratique les IVG? Selon le médecin, il peut s’agir d’une sage-femme, d’une accoucheuse, ou encore d’une infirmière ou d’un médecin. Mais il se peut qu’ils ne soient pas suffisamment formés, ou qu’ils opèrent dans un cadre peu hygiénique.
Le nouveau rapport dresse un tableau sombre des avortements illicites, dont le Dr Singh évoque les séquelles.
« Des hémorragies extrêmes, des pertes de sang, la perforation de l’utérus ou une infection qui entraine une forte fièvre, la septicémie même. Des lacérations, selon les objets introduits dans le vagin. Les catégories vont de complications simples aux plus graves, dont celles qui menacent la santé de la mère », explique le Dr Singh.
En tout, les autorités dépensent chaque année au moins 232 millions de dollars pour traiter les victimes d’avortements non autorisés. Mais selon l’étude de l’Institut Guttmacher, le vrai cout se chiffre probablement à 560 millions de dollars. C’est tout simplement qu’un nombre incalculable de femmes ne sont jamais soignées et vivent avec les séquelles de leur traumatisme, constate l’étude.
Pour le Dr Singh, la solution serait de prévenir ces IVGs illicites en fournissant aux femmes de meilleurs moyens de contraception, et en les suivant en cas de problème. Pas de grossesse non voulue, par d’IVG illicite, explique-t-elle en substance. Et mieux vaut confronter le problème, en dépit du stigmatisme associé aux IVGs. Car si 22 millions d’avortements sont pratiqués chaque année à travers le monde, c’est que les femmes continueront de chercher à se libérer de grossesses non voulues.