Assise au Café Arabe dans le quartier historique de la Médina de Marrakech, Amina Eltmali est enthousiaste au moment où notre visioconférence démarre. Et pour cause : la Franco-Marocaine est impatiente de partager les caractéristiques de sa plateforme de commerce électronique, "Africa e-Shopping".
"Ils ont eu la gentillesse de me laisser enregistrer ici, comme chez moi j'ai des problèmes de réseau", dit-elle en faisant référence aux gérants du célèbre restaurant de l'une des villes les plus iconiques du Maroc.
La jeune femme, qui enseigne dans un lycée de la ville, explique que son projet a vu le jour lorsqu’elle a réalisé l'impact dévastateur de la pandémie du nouveau coronavirus sur le tourisme.
En 2019, environ 13 millions de touristes étaient entrés dans le royaume chérifien, une hausse de 5% par rapport à 2018, selon l’Observatoire du tourisme du Maroc. Pour 2020, les autorités nourrissaient des attentes élevées et prévoyaient autour de 20 millions d'arrivées de touristes. Mal leur en pris. Avec le début de la pandémie, des filières entières ont été "sinistrées" dont le tourisme et "les industries qui leur sont sous-jacentes", a déploré l’économiste Ali Harbi dans un entretien avec nos confrères du quotidien El Watan.
"Le tourisme et l’artisanat sont intrinsèquement liés", renchérit Amina Eltmali. "Et comme j’ai vu qu’il y avait une raréfaction de la masse touristique sur Marrakech, j’ai réorienté mon projet", dit-elle.
Bazar panafricain
Grâce à son expertise en marketing et à sa connaissance intime de l'Afrique - elle a passé huit ans en Afrique de l'Ouest au cours de la dernière décennie – Amina Eltmali a élaboré un plan et s'est mise au travail. Résultat : un site web, avec un nom facile à retenir : "Africa e-Shopping".
Le but de la plateforme, explique-t-elle, est d'aider l'artisanat africain à se frayer un chemin vers les touristes puisque ceux-ci ne peuvent plus venir pour le moment en raison des restrictions de voyage causées par la pandémie.
Le site affiche une interface intuitive et facile à naviguer. Mais derrière cette interface visuelle volontairement simplifiée on trouve l'équivalent d'un véritable bazar nord-africain. Des masques, des lampes aux montages complexes, des tissus, des sandales, des pots et même des chaises et des tableaux peuvent être achetés en quelques clics ou en tapant du doigt.
Sa liste de fournisseurs comprend actuellement une demi-douzaine de pays, du lointain Madagascar au Sénégal, en passant par le Cameroun et, bien sûr, le Maroc. Elle précise que des artisans d'autres pays africains seront ajoutés dans les semaines et les mois à venir.
"J’avais voulu dès le départ rendre à l’Afrique ce que l’Afrique m’a donné", dit-elle avec une bonne dose d'optimisme. "Demain se construit aujourd’hui, et on est là pour ça", conclut-elle.