M. Xi sera reçu dans la résidence du milliardaire à Mar-a-Lago en Floride les 6 et 7 avril, a annoncé jeudi le ministère chinois des Affaires étrangères. La Maison Blanche a confirmé la rencontre en précisant que M. Trump et son épouse organiseraient aussi un dîner en l'honneur du couple présidentiel chinois le 6 au soir.
Un tel sommet semblait improbable il y a encore quelques mois, après la campagne électorale durant laquelle le candidat républicain avait accusé la Chine de "voler" des millions d'emplois aux Etats-Unis et menacé d'imposer des droits de douane punitifs aux importations chinoises.
A peine élu en novembre 2016, M. Trump avait ensuite provoqué l'ire de Pékin en laissant entendre qu'il pourrait revenir sur une position diplomatique datant de 1979 : le "principe de la Chine unique", par lequel le régime communiste interdit tout contact officiel entre Taïwan et des pays étrangers.
Donald Trump avait été jusqu'à accepter un appel téléphonique de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, avant de menacer la Chine d'une guerre commerciale.
Mais lors d'un entretien par téléphone mi-février avec Xi Jinping, le président américain avait joué l'apaisement et assuré qu'il respecterait le principe de la Chine unique, ce qui avait ouvert la perspective d'une rencontre.
Selon des sources diplomatiques à Pékin, le cadre de la rencontre suggère que le sommet aura plus pour but de permettre aux deux hommes de faire connaissance que de régler les délicats dossiers de la relation trans-Pacifique.
"Il pourrait s'agir de faire semblant d'enterrer la hache de guerre, avec quelques échanges de bons procédés en matière économique, avant que n'éclatent les tempêtes sur le commerce, les points de friction en Asie et le choix des personnes" dans l'entourage de Trump, observe Douglas Paal, directeur Asie à l'institut Carnegie Endowment for International Peace de Washington.
Mais il semble difficile d'éviter les sujets qui fâchent.
Le sommet et même l'avenir de la relation sino-américaine "va probablement tourner autour des sujets que l'administration Trump a déjà placés au centre du jeu: le commerce, la Corée du Nord, la mer de Chine méridionale et Taïwan", prévoit Henry Levine, analyste au cabinet Albright Stonebridge Group.
Washington exige de la Chine qu'elle fasse pression sur la Corée du Nord pour convaincre ce pays de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Pékin a déjà annoncé la fin de ses importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l'ONU, coupant une source de revenus précieuse pour le régime de Kim Jong-Un.
Mais la Chine est vent debout contre le bouclier antimissile Thaad que les Etats-Unis ont commencé à déployer en Corée du Sud, y voyant une atteinte à sa force de dissuasion.
Les deux pays sont également en désaccord autour de la mer de Chine méridionale, que Pékin revendique en quasi-totalité, tandis que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a menacé début janvier, juste avant de prendre ses fonctions, d'interdire à la Chine d'accéder aux îlots qu'elle contrôle, au nom de la défense de la liberté de navigation.
Pékin s'irrite aussi du choix de certaines personnalités de l'entourage du président américain, notamment Peter Navarro, conseiller pour le commerce et auteur d'un livre au vitriol sur la concurrence chinoise, "Death by China" ("Tués par la Chine").
Avant de se rendre aux Etats-Unis, le président chinois effectuera une visite d'Etat en Finlande du 4 au 6 avril "afin de souligner le soutien de la Chine à l'Union européenne", a précisé le ministère chinois des Affaires étrangères.
Avec AFP