Arrêtée la semaine dernière au Portugal, Sabrina de Sousa, qui dispose de la double nationalité portugaise et américaine, devait être extradée ces jours-ci vers l'Italie.
Mais le président italien Sergio Mattarella lui a accordé "une grâce partielle d'un an de réclusion", ramenant sa peine de quatre à trois ans de prison, a-t-il annoncé mardi dans un communiqué, qui n'évoque pas la mesure d'extradition.
Mme de Sousa pourra en outre bénéficier de mesures d'aménagement pour purger sa condamnation à trois ans de prison, détaille le communiqué, sans préciser dans quel pays elle devra se soumettre à cette alternative à la détention.
L'imam Abou Omar avait été enlevé à Milan le 17 février 2003 au cours d'une opération coordonnée entre les services secrets italiens et la CIA, puis transféré en Egypte où il avait été torturé, selon ses avocats.
En septembre 2012, la Cour de cassation italienne avait confirmé des peines allant de sept à neuf ans de prison pour un militaire américain et 22 agents de la CIA, dont Mme de Sousa, qui a vu ultérieurement sa peine réduite à quatre ans.
Si Mme de Sousa a reconnu avoir servi d'interprète à l'équipe qui a organisé l'enlèvement, elle a nié toute implication directe dans l'opération.
Hautement symbolique, ce procès était le premier en Europe sur les transfèrements secrets par la CIA de suspects vers des pays connus pour pratiquer la torture, après les attentats du 11 septembre 2001.
La présidence italienne a précisé mardi avoir "pris en compte l'attitude de la condamnée, le fait que les Etats-Unis ont interrompu la pratique des transfèrements extraordinaires et l'exigence de rééquilibrer la peine par rapport à celles d'autres personnes condamnées pour le même délit".
L'un des anciens responsables de la CIA condamné par la justice italienne, Robert Lady, avait été arrêté au Panama en 2013 mais il avait pu rentrer aux Etats-Unis sans être extradé en Italie, provoquant l'amertume du gouvernement à Rome.
En revanche, l'Italie avait concédé la grâce à Joseph Romano, responsable de la base américaine d'Aviano d'où l'avion transférant l'imam vers son pays était parti. Cette décision, au bénéfice de l'unique militaire du Pentagone et de l'Otan condamné dans cette affaire, avait été saluée par les Etats-Unis.
Avec AFP