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L'abrogation d'"Obamacare" compliquée par des prévisions négatives


Examen du projet républicain de réforme du système de santé, Capitol Hill, Washington, le 9 mars 2017.
Examen du projet républicain de réforme du système de santé, Capitol Hill, Washington, le 9 mars 2017.

Des dizaines de millions d'Américains n'auront plus de couverture maladie si le projet républicain de réforme du système de santé, soutenu par Donald Trump, était adopté, selon un nouveau rapport qui devrait diviser encore un peu plus la majorité républicaine du Congrès.

Le nombre de personnes sans assurance atteindrait 52 millions en 2026, selon la prévision du Bureau du budget du Congrès (CBO), très respecté arbitre budgétaire, soit 24 millions de plus que si le statu quo était maintenu. En proportion, 19% des moins de 65 ans vivraient sans couverture maladie, contre 10% aujourd'hui - les Américains les plus âgés bénéficiant d'une couverture publique.

La réforme effacerait ainsi une bonne partie des acquis d'"Obamacare", la loi de 2010 signée Barack Obama que les républicains souhaitent abroger rapidement, comme symbole de leur retour au pouvoir.

Dès 2018, année des élections législatives, il y aurait 14 millions d'assurés en moins.

Une grande partie de cette baisse du nombre d'assurés viendrait de la suppression de l'obligation de contracter une assurance maladie, précipitant le départ du marché des Américains plus jeunes et en meilleure santé. Dans les années suivantes, les plus pauvres seraient majoritairement frappés par la réduction des aides publiques.

Ces chiffres sont plus élevés que ce que craignaient de nombreux élus républicains modérés, qui s'inquiètent d'un retour en arrière, au nom de la libéralisation du système de santé.

Certes, le projet républicain réduirait les déficits publics, grâce aux coupes du budget de la santé. Les dépenses du programme Medicaid, pilier de l'Etat-providence destiné aux plus vulnérables, serait ainsi réduites d'un quart en 2026 par rapport à la trajectoire actuelle.

Maison Blanche sur la défensive

Mais l'opposition démocrate s'est immédiatement saisie du rapport pour demander le retrait du projet républicain.

"Trumpcare serait un cauchemar pour les Américains", a déclaré Chuck Schumer, chef de file des démocrates du Sénat.

Les démocrates ont dénoncé la suppression de diverses taxes profitant aux ménages aisés et la hausse programmée du prix de la couverture maladie pour les plus âgés. Par exemple, une personne de 64 ans paierait en 2026 de 20 à 25% plus cher que sous "Obamacare".

Pour le sénateur Bernie Sanders, la réforme "n'est pas une loi de santé. C'est un transfert massif de richesses de la classe moyenne vers les gens les plus riches d'Amérique".

La grande association de médecins AMA a regretté un plan "inacceptable".

Le ministre de la Santé, Tom Price, a immédiatement rejeté le rapport, déclarant qu'il ne prenait pas en compte les réforme suivantes prévues par l'administration.

"Nous estimons que notre plan permettra d'assurer plus de personnes qu'aujourd'hui", a-t-il soutenu depuis la Maison Blanche. "Le CBO a tout faux".

L'architecte de l'abrogation, le président de la Chambre des représentants Paul Ryan, a fait valoir la baisse moyenne des primes d'assurance à partir de 2020, principalement pour les jeunes (avant 2020, elles augmenteront).

"Quand les gens ont le choix, les coûts baissent", a déclaré Paul Ryan, tâchant de rassurer les Américains sur le chambardement prévu: "Comme nous l'avons toujours dit, il y aura une transition stable de façon à ne pas couper l'herbe sous le pied des gens".

L'opposition ne vient pas seulement des démocrates et des républicains modérés.

L'aile droite du parti juge le projet actuel trop timide dans le désengagement de l'Etat, et menace de le torpiller.

Pour gagner la bataille médiatique, Donald Trump et toute son administration multiplient les interventions pour dire combien la loi actuelle est "un désastre", dénonçant une dérive implacable des coûts.

"La loi est en train d'imploser et 2017 sera encore pire", a lancé le président américain lundi, lors d'une table-ronde destinée à illustrer que pour une partie de la classe moyenne, le coût des assurances privées individuelles a beaucoup augmenté ces dernières années.

Pour les chefs républicains, un échec serait catastrophique politiquement car cette abrogation est leur premier chantier législatif.

La semaine dernière, Donald Trump aurait prédit en privé un "bain de sang" aux élections législatives de mi-mandat, en novembre 2018, si les républicains ne tenaient pas leur promesse d'abrogation.

Mais c'est justement la perspective des urnes qui inquiètent les frondeurs républicains, notamment dans les Etats qui ont le plus profité d'Obamacare.

Avec AFP

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