Mais au-delà du côté spectaculaire de l'annonce du président américain, elle pourrait rester au stade du simple affichage politique, tant sa mise en application, sa portée exact et son efficacité font l'objet de nombreuses interrogations.
Véritable crise de santé publique aux Etats-Unis, la dépendance aux opiacés a été érigée en chantier prioritaire par le président républicain qui a promis de lutter contre ce "fléau".
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En 2016, les Etats-Unis ont enregistré quelque 64.000 morts par overdose, dont une majorité liée aux opiacés. Cette catégorie de stupéfiants englobe des médicaments analgésiques délivrés sur ordonnance, tels que l'oxycontin et le fentanyl, ainsi que l'héroïne souvent mélangée à des substances de synthèse.
"Le ministère de la Justice réclamera la peine de mort contre les trafiquants de drogue lorsque cela est possible en vertu des lois existantes", a indiqué la Maison Blanche en présentant les grandes lignes de ce plan avant le discours présidentiel.
Interrogé sur les cas concrets dans lesquels cela pourrait être envisagé, l'exécutif américain est resté évasif.
Selon un rapport de l'ONG Harm reduction international, les Etats-Unis font partie de la trentaine de pays dans le monde où la loi prévoit la peine de mort pour certains crimes liés au trafic de drogue.
Mais seuls sept d'entre eux --parmi lesquels la Chine, l'Iran, l'Arabie saoudite, Singapour ou encore l'Indonésie-- y ont recours de manière fréquente.
Le plan de la Maison Blanche prévoit aussi de "réduire la demande" d'opiacés grâce à l'éducation et de lutter contre la surprescription. Il souligne par ailleurs la nécessité "d'aide ceux qui se battent contre l'addiction".
- 'Besoin de fermeté' -
Début mars, lors d'une réunion à la Maison Blanche, M. Trump avait souligné que les pays qui avaient recours à la peine de mort contre les trafiquants avaient "beaucoup moins de problèmes de drogue" que les Etats-Unis.
"Nous avons besoin de fermeté (...) Nous allons devoir être très fermes sur les peines", avait-il lancé. "Si vous tuez quelqu'un, ils vous condamnent à perpétuité, ils vous condamnent à la peine de mort. Ces types peuvent tuer 2.000, 3.000 personnes, et rien ne leur arrive", avait-il déploré.
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L'idée de requérir le peine de mort contre certains trafiquants est loin de faire l'unanimité dans la classe politique américaine.
"Nous ne résoudrons pas la crise des opiacés à coups d'incarcérations et d'exécutions", a par avance mis en garde le sénateur démocrate du Massachusetts, Ed Markey.
"Des propositions extrêmes comme le recours à la peine de mort ne font que faire perdurer la marque d'infamie associée à l'utilisation des opiacés et sont une diversion par rapport au nécessaire débat sur (...) les initiatives de santé publiques indispensables pour sauver des vies", a-t-il estimé.
De manière générale, la peine capitale reste peu appliquée au niveau fédéral aux Etats-Unis où les criminels sont la plupart du temps jugés par les Etats.
Depuis le rétablissement de la peine capitale fédérale en 1988, le ministère américain de la Justice a requis la peine capitale à l'encontre d'environ 300 accusés: moins de 80 ont été condamnés à mort.
Sur ce total, seulement trois exécutions fédérales se sont déroulées. L'un de ces trois exécutés fut Timothy McVeigh, qui avait fait exploser un camion piégé à Oklahoma City en 1995, tuant 168 personnes.
Avec AFP