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Ruée vers l'herbe: les nouveaux cadres du cannabis


Des ordonnances pour obtenir du cannabis médicale à Venice, en Californie, le 14 mai 2013.
Des ordonnances pour obtenir du cannabis médicale à Venice, en Californie, le 14 mai 2013.

Ils sont banquiers, comptables, informaticiens, et n'ont rien de marginaux. Mais ils ont en commun le goût de la marijuana et le désir de se lancer dans le cannabis.

Pour y arriver, ils étaient une bonne centaine à participer cette semaine à New York (nord-est des Etats-Unis) à une formation sur "Comment investir dans le cannabis", un secteur en plein boom avec quelque 7 milliards de dollars de chiffre d'affaires attendus cette année.

Parmi ces étudiants en herbe, Mark Giannone et son fils Justin, résidents de l'Etat voisin du New Jersey.

"On aime vraiment cette plante, on veut s'impliquer dans cette industrie. On sent vraiment qu'il y a beaucoup plus que juste l'usage récréatif", explique Justin, ingénieur en cybersécurité, 31 ans.

"On est venu se renseigner. L'industrie est encore très incertaine, je ne veux pas jouer à la roulette", tempère Mark, 60 ans, comptable.

Le projet de Patricia, qui taira son nom de famille car elle "travaille pour le gouvernement fédéral", est plus avancé: cette femme de 33 ans espère ouvrir dès cette année, avec son mari banquier, un dispensaire dans le Connecticut (nord-est).

Le Connecticut comme le New Jersey ont légalisé l'usage médical du cannabis. Mais leurs autorités n'attribuent des licences d'exploitation qu'au compte-gouttes, maintenant leur marché à un stade encore embryonnaire.

Silicon Valley au début

Convaincus des vertus de la marijuana qu'ils consomment régulièrement, Mark, Justin et Patricia représentent une nouvelle vague de cadres désireux d'investir dans le secteur avant qu'il ne soit complètement légalisé et pris d'assaut par "Wall Street et les grands groupes", dit Mark.

Depuis que le Colorado (ouest) a légalisé le cannabis à usage récréatif en 2012, sept Etats américains, dont la Californie (ouest) et le Massachusetts (nord-est), et la capitale fédérale Washington lui ont emboîté le pas.

L'usage thérapeutique est déjà autorisé dans 29 Etats, plus la capitale américaine. Mais la marijuana reste illégale au niveau fédéral.

Les apprentis entrepreneurs espèrent qu'en dépit des ultra-conservateurs de l'administration Trump, comme le ministre de la Justice Jeff Sessions, le secteur poursuivra la courbe ascendante pronostiquée par les experts, qui tablent sur un marché de 23 milliards de dollars en 2020.

Et que d'ici quelques années, une majorité d'Etats aura légalisé l'usage récréatif, poussant le gouvernement fédéral à revoir sa position.

Déjà, explique Karson Humiston, patronne du cabinet de recrutement spécialisé Vangst venue de Denver (Colorado), "on voit de plus en plus de professionnels pas du tout marginaux, venus de la finance, de grandes entreprises du monde agricole ou de la science".

"On reçoit 500 CV par jour, de gens venus de tout le pays et au-delà, qui voient une possibilité d'améliorer leurs revenus ou leur carrière et qui sont aussi, souvent, des passionnés", dit cette dirigeante de 24 ans. "On se croirait dans la Silicon Valley quand l'industrie de la high-tech démarrait à peine".

'Evitez les enfants!'

Nichole West, basée à Denver, ne cache rien des difficultés du secteur. Cette pionnière raconte volontiers les déboires de ses débuts, qui ont failli la ruiner. Avant de rebondir et de devenir aujourd'hui, à 32 ans, vice-présidente de "Sweet Leaf" ("Douce feuille"), une entreprise de plus de 400 personnes qui cultive et vend cannabis et produits dérivés.

Les règlementations sont très variables et souvent confuses en fonction des Etats, créant d'énormes incertitudes pour les entreprises, explique-t-elle.

Surtout, si la proportion d'Américains favorables à une légalisation généralisée ne cesse d'augmenter - ils étaient 61% en avril, selon un sondage CBS News -, ils restent nombreux à considérer le cannabis dangereux. Une hostilité qu'il faut respecter pour réussir, dit Mme West.

"Tenez-vous à l'écart des enfants", notamment des écoles, car "il suffit d'une mère remontée contre vous, et vous devenez le diable!", explique-t-elle. "Faites des dons à des centres de désintoxication, vous montrerez que vous savez que les drogues sont un problème, même si le cannabis n'en fait pas partie".

Avec AFP

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