"Tu es malade, tu arrives à l’hôpital et on te dit voilà... donne-moi ci, donne-moi ça, pour qu’on te soigne d’abord. C’est l’un des pires péchés et si on ne règle pas cela rapidement, on risque de tuer tout le monde", témoigne Ouédraogo Karim, un commerçant de Ouagadougou.
"La corruption… ? Si, si, on entend souvent parler. Des voisins, des amis victimes et même souvent dans des médias", déclare, de son côté, Ouédraogo Raïssa, une étudiante également interrogée dans la capitale burkinabè.
Comme ces habitants de Ouagadougou, ils sont nombreux à dénoncer des faits de corruption dans le système de santé burkinabè.
Selon le REN-LAC, la corruption est très prononcée dans le secteur.
"Depuis les demandes d’argent, les soustractions d’argent, les paiements qui ne vont pas à la caisse jusqu’aux vols des médicaments, à la vente des poches de sang, des médicaments interdits au Burkina Faso… toutes les formes existent. Un dixième des sondés qui ont accepté les entretiens de suivi disent ouvertement qu’on leur a demandé de l’argent. Près de 50% des paiements qui se font, se font hors caisse. Les services de chirurgie font les chirurgies pratiquement sans paiements à la caisse et sans même l'enregistrement des interventions qui se font", appuie Sagado Nakanabo, secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC.
Les responsables du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), principal syndicat de la santé, affirment qu’ils ont toujours interpellé le gouvernement mais celui-ci est chaque fois resté laxiste.
"L’expérience nous montre sur le terrain que ceux-là qui sont corrompus, ce sont eux qui sont promus. Et ça fait que la chaîne va et ça continue. Pour ce qui concerne le SYNTSHA, il fait ce qu’il peut faire pour éviter de telles pratiques et nous n’avons jamais défendu un militant qui s’est donné à la corruption", confie Souleymane Ouattara du bureau national du SYNTSHA.
Un autre son de cloche au ministère de la Santé qui rassure qu’à son niveau, des efforts sont faits afin de minimiser de pareilles pratiques.
"Il y a lieu d’investiguer et également faire en sorte que ce soit des situations qui soient combattues et que les risques de survenance soient minimisés", se défend Harouna Kadio, Conseiller technique du ministre de la Santé.
Une chose est sûre, la corruption existe dans le secteur de la santé, malgré les efforts du gouvernement qui devrait mettre un plan sérieux de lutte contre ce fléau, au grand bonheur des malades, selon des acteurs du secteur.