Le texte adopté par le Parlement doit encore être ratifié par le chef de l'Etat Emmerson Mnangagwa alors que l'opposition et les ONG dénoncent la répression accrue du gouvernement contre les voix dissidentes avant les élections, dont la date n'a pas encore été fixée.
Cette loi interdit notamment aux organisations de la société civile de s'engager en politique et donne au gouvernement le pouvoir d'interférer dans leurs activités et leur gouvernance en modifiant leur gestion interne et leur financement. Elle prévoit des sanctions pour les contrevenants pouvant aller jusqu'à un an de prison et la fermeture des organisations.
"En promulguant cette loi, les autorités fermeraient de façon effective un espace civique déjà réduit", ont mis en garde quatre rapporteurs spéciaux des Nations unies pour les droits de l'Homme, cités dans un communiqué.
Le texte confère des "pouvoirs disproportionnés" au bureau chargé d'enregistrer les ONG, "sans indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif". Et son entrée en vigueur "rendrait immédiatement illégales les organisations existantes", ont-ils souligné.
Les groupes de défense des droits humains avaient déjà dénoncé, lors du vote du texte au Sénat au début du mois, une disposition visant à criminaliser toute organisation dans le collimateur du gouvernement. Selon l'exécutif, ce texte est un outil nécessaire pour lutter contre le blanchiment d'argent et apporter plus de transparence aux financements apportés par les ONG.
Quels que soient les objectifs du gouvernement, cette loi aura "un effet paralysant sur les organisations de la société civile, en particulier sur les voix dissidentes", tranchent les experts de l'ONU, ajoutant qu'"il n'est pas trop tard pour que le président change de cap".
Emmerson Mnangagwa a succédé en 2017 au dirigeant de longue date du pays Robert Mugabe. Malgré les promesses, il peine à atténuer la pauvreté, les coupures d'électricité chroniques et à maîtriser l'inflation dans un pays à l'économie exsangue.