Très attendue, la nouvelle équipe du président centriste-libéral a été présentée deux jours avant le discours général de la Première ministre Elisabeth Borne devant le Parlement et contre laquelle la coalition de gauche Nupes n'a pas exclu de voter une motion de censure.
"On a désormais un gouvernement d'action et de légitimité pour bâtir des compromis et pour renforcer, élargir la majorité présidentielle, texte de loi par texte de loi", estime-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat.
Le nouveau casting, qui accorde une place accrue aux alliés du président sans intégrer de grosses prises à droite ou à gauche comme cela avait pu être le cas par le passé, a été accueilli fraîchement par l'opposition qui a dénoncé un "non évènement" et la non prise en compte par Emmanuel Macron de la "volonté des Français d'une autre politique".
Après plusieurs semaines de tergiversations au sommet de l'Etat à son sujet, le ministre Damien Abad (Solidarités, Autonomie et Personnes handicapées), visé par une enquête pour tentative de viol, est lui évincé. Il a dénoncé lundi des "calomnies ignobles". "Il a été noté qu'il se retrouvait dans l'incapacité de pouvoir se défendre et défendre le champ ministériel qui était le sien", explique un conseiller de l'exécutif.
Chrysoula Zacharopoulou (Développement), visée par deux plaintes pour viols qui auraient été commis dans le cadre de sa profession de gynécologue, conserve elle son poste.
Comme prévu, le remaniement a acté le départ des trois ministres et secrétaires d'Etat battues lors des élections législatives de fin juin - Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Bénin (Mer). Cette dernière est remplacée à son poste par Hervé Berville, député d'origine rwandaise du parti présidentiel.
"Faire rayonner l'Europe"
Le portefeuille de Yaël Braun-Pivet (Outre-mer), élue la semaine dernière présidente de l'Assemblée nationale - première femme à ce poste clé en France -, a lui été confié à l'ancien préfet Jean-François Carenco.
Plus inattendu, le ministre délégué chargé de l'Europe Clément Beaune quitte le Quai d'Orsay et occupera au sein du nouveau gouvernement le poste de ministre des Transports. Il est remplacé par l'économiste Laurence Boone, qui a assuré lors de la passation de pouvoirs qu'elle comptait "contribuer à faire rayonner l'Europe".
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Le très stratégique poste de porte-parolat du gouvernement revient à Olivier Véran, ancien ministre de la Santé et ministre sortant des Relations avec le Parlement. Au total, le gouvernement II d'Elisabeth Borne, qui comptait dans sa version provisoire (entre la présidentielle et les législatives), 17 ministres, six ministres délégués et quatre secrétaires d'Etat, compte en son sein désormais 41 membres, dont 20 femmes.
Pouvoir d'achat
Ce remaniement survient dans un contexte délicat pour Emmanuel Macron, réélu le 24 avril face à l'extrême-droite pour un second quinquennat mais privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Le chef de l'Etat, qui avait fait passer ses réformes globalement sans peine lors de son premier quinquennat, va cette fois-ci devoir nouer des alliances au cas par cas pour tenter de faire passer ses textes phares. Le premier texte examiné par l'Assemblée sera, à compter du 11 juillet, le projet de loi sanitaire, suivi à partir du 18 juillet par le projet de loi sur le pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français.
Le 25 juin, le président avait indiqué à l'AFP que le projet présidentiel, tout comme celui de la majorité présidentielle, pourrait "être amendé ou enrichi", à condition toutefois que les modifications n'entraînent pas une hausse des impôts ou de la dette. Le discours de politique générale d'Elisabeth Borne mercredi devrait donner des indications sur les orientations que l'exécutif entend prendre dans les prochains mois.
Réclamée par les oppositions mais risquée sans majorité absolue, la question d'un vote de confiance sur la déclaration de Mme Borne devrait être tranchée lors du conseil des ministres convoqué à 14h GMT ce lundi.