Avant son départ pour sa tournée en Europe, le président George Bush a plaidé lundi à Washington en faveur d’une monnaie forte.
« Un dollar fort est dans l'intérêt des États-Unis » et il « est dans l'intérêt de l'économie mondiale », a déclaré le président, qui a également souligné que « l'économie américaine a continué à croître face à des obstacles sans précédent ».
Ce n’était pas la première fois que le président se disait favorable à un dollar fort, mais en général, la monnaie américaine ne réagit guère à ces propos. En effet, l’administration Bush ne prend pas les mesures nécessaires pour faire remonter le dollar, comme par exemple rehausser les taux d’intérêt.
Le président de la Fed, la Banque centrale américaine, Ben Bernanke met certes l’accent sur le danger de l’inflation, mais il souligne également la nécessité de ne rien faire qui puisse ralentir l’économie. Tant que le marché de l'immobilier, et notamment les prix des logements, n'auront pas montré de signes clairs de stabilisation, des risques demeureront pour la croissance, a-t-il averti. En d’autres mots, si la Fed ne réduira pas davantage ses taux directeurs pour stimuler la croissance, elle hésite à les majorer pour juguler l’inflation, si cela doit réprimer encore plus la demande dans le secteur de l’immobilier.
Malheureusement, la baisse des taux d’intérêt pénalise l’épargne. Or justement les Américains auraient besoin de moins dépenser et d’épargner davantage pour réduire leurs dettes, ce qui aideraient le dollar à remonter.
Par ailleurs, si le président George Bush plaide toujours contre l’alourdissement de la fiscalité, il ne fait pas grand chose pour aider à réduire le déficit de la balance commerciale américaine. Au chapitre du commerce extérieur, le déficit s’est chiffré à 58,21 milliards en mars, avant de s’alourdir en avril à 60,9 milliards de dollars. Ce qui signifie que les Américains achètent toujours plus qu’ils n’exportent – notamment du pétrole - même si la chute du dollar facilite grandement les ventes à l’étranger.
M. Bush refuse d’augmenter les impôts et fait toujours campagne pour que les allègement fiscaux adoptés en 2003, et qui ne sont valables que jusqu’en 2010, soient adoptés de façon permanente. Il fait valoir que l’économie américaine ne se porte déjà pas très bien, et que ce n’est pas le moment de lui assener un coup supplémentaire en renforçant la fiscalité.
Le Congrès, qui est contrôlé par les démocrates, ne témoigne guère d’enthousiasme pour ces avantages fiscaux qui, disent les parlementaires, ont surtout avantagé les classes les plus aisées de la société ces cinq dernières années. Le candidat à l’investiture du parti démocrate Barack Obama préconise même l’augmentation des impôts pour les riches. M. Bush estime que cela pénaliserait les sociétés qui créent des emplois, notamment les toutes petites entreprises. Résultat : les marchés financiers savent que ni la Maison-Blanche, ni le Congrès, ne témoignent d’enthousiasme pour la discipline budgétaire. D’où la faiblesse du dollar.