L’homme d’affaires texan T. Boone Pickens, devenu milliardaire en investissant dans le pétrole, a appelé les États-Unis à abandonner l’or noir pour se reconvertir dans les énergies renouvelables.
M. Pickens, qui dirige aujourd'hui son propre fonds d'investissement, BP Capital Management, s’est exprimé à ce propos lors d’une audition devant une commission du Sénat américain. Il mène également une campagne médiatique de 58 millions de dollars pour promouvoir son point de vue.
« Si j’ai un seul ennemi, c’est le pétrole étranger. C’est ce dont je veux me débarrasser. Mon plan réduira de 38 % notre dépendance vis-à-vis du pétrole étranger̂» affirme M. Pickens, en rappelant que les États-Unis importent actuellement près de 70 % du pétrole qu’ils consomment, contre 24 % en 1970. De surcroît, a-t-il souligné, un certain nombre de pays qui vendent leur pétrole aux États-Unis leur sont hostiles.
A 80 ans, l'ancien propriétaire de la compagnie Mesa Petroleum prône donc l’utilisation de l’énergie éolienne et du gaz naturel. Il est d’ailleurs propriétaire d’une ferme éolienne au Texas présentée comme la plus importante au monde.
Les réactions au plan Pickens sont mitigées. Le sénateur Joe Lieberman du Connecticut est d’accord avec le milliardaire pour déplorer la dépendance des États-Unis vis-à-vis du pétrole étranger. Mais Gal Luft, directeur général de l’Institut pour l’analyse de la sécurité globale (Institute for the Analysis of Global Security, IAGS), ici à Washington, fait valoir que 63 % des réserves de gaz naturel mondiales sont contrôlées par la Russie, l’Iran, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Or ces pays oeuvrent pour mettre en place un cartel similaire à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a-t-il dit. Mieux vaudrait, pour les Américains, produire davantage d’éthanol à partir de déchets agricoles, de charbon ou encore d’ordures industrielles.
Par contre Habib Dagher, directeur du Laboratoire de structures avancées et en matériaux composites de l’université du Maine, soutient M. Pickens dans ses projets.
« En Europe, on entend produire, d’ici à 2030, 150 gigawatts. On qualifie l’énergie éolienne et les vents au large des côtes de troisième révolution industrielle. Le secteur a créé plus de 300 000 emplois en Europe. Nous pouvons faire la même chose », a expliqué en substance M. Dagher.