Taylor se défend à La Haye

L’ancien président libérien Charles Taylor est monté à la barre pour la première fois dans son procès pour crimes de guerre devant Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) qui siège exceptionnellement à La Haye aux Pays-Bas.

Taylor, 61 ans, doit répondre en tout de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, y compris de meurtres, tortures, viols, enrôlement d'enfants-soldats, esclavage sexuel et recours au travail forcé.

L’ancien chef d'Etat du Libéria de 1997 à 2003 est accusé d’avoir armé et téléguidé les rebelles sierra-léonais à partir du Liberia pour prendre le contrôle des mines de diamant de la Sierra Leone. Une accusation qu’il a rejetée catégoriquement dans sa déposition ce mardi. Il a jugé incroyable et malheureux que les procureurs du tribunal aient donné foi à des informations tendancieuses sur son rôle dans la guerre civile sierra-léonaise. Il a affirmé être au contraire un dirigeant humanitaire qui s’est battu pour la justice pendant toute sa vie.

Taylor se dit prêt à répondre aux questions du tribunal. Il suit à la lettre les instructions de son avocat, Me Courtenay Griffiths. Lequel avait annoncé la couleur lundi au tribunal.

« Monsieur Taylor n’a pas dit un seul mot pour se défendre. Il a maintenant l’opportunité de présenter sa défense, non parce que la loi le lui ordonne mais parce qu’il veut s’exprimer », avait affirmé Me Griffiths.

Pour l’avocat de l’ancien dirigeant libérien, son client cherchait plutôt à promouvoir la paix et non pas la violence en Sierra Leone. « En un mot, il dit ceci: Comment aurais-je pu diriger le conflit en Sierra Leone voisine, comme le prétend l’accusation, alors que je venais d’être élu président de la république du Liberia et que j’avais tant de problèmes à régler ? s’est écrié Me Griffiths.

On s’attend que Taylor dépose au tribunal pendant 6 à 8 semaines. L’accusation pour sa part a termine l’interrogatoire des témoins à charge en février.

Taylor était parti en exil au Nigeria en 2003. Arrêté dans ce pays trois ans plus tard, il a été remis au TSSLqui a transféré son procès à La Haye pour éviter de nouvelles violences dans la région. Il est le premier président africain à être jugé par une cour internationale.