Un juge de New York s'oppose à la publication de documents sur les programmes secrets de la CIA

Le juge Alvin K. Hellerstein a rejeté mercredi une requête de l’Association américaine des libertés civiles (ACLU), qui voulait avoir accès à 580 documents ayant trait à ce programme secret de la CIA. Certains contiennent les noms des détenus ou des agents contractuels de la CIA impliqués dans le transfèrement secret des prisonniers.

D’autres décrivent des films vidéo d’interrogatoires où étaient utilisés des techniques extrêmes comme le « waterboarding » ou simulacre de noyade. Les films eux-mêmes ont été détruits par la CIA en 2005.

Expliquant son opposition à toute divulgation de ces papiers, le juge Hellerstein a dit qu’il laisse à la CIA la latitude de déterminer quels documents doivent restés secrets pour protéger les méthodes et les sources des services de renseignement américains.

L’ACLU soutient que le programme secret de la CIA était illégal sous le droit tant international qu’américain, et que le public a le droit d’en prendre connaissance dans la mesure où il y a eu torture et même morts de certains détenus.

Le juge Hellerstein a dit avoir été déchiré par cet aspect de la question, mais avoir décidé qu’en ce monde de l’après 11 septembre, il ne remettrait pas en cause l’avis de la CIA sur la protection des services de renseignement. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, avait, dans un document adressé à la justice, expliqué que la publication de ces documents entamerait « gravement » la sécurité nationale.

L’avocat de l’ACLU, Alex Abdo, qualifie la décision du juge Hellerstein de décevante. Ce dernier a accepté sans autre forme de procès la position de la CIA, a dit l’avocat. Après tout, les techniques d’interrogatoire musclées ont été bannies et le président Barack Obama a ordonné, en avril dernier, la publication de tout document y ayant trait, a fait remarqué Me Abdo.

« Nous pensons que l’histoire de cette affairemontre clairement que la CIA a continuellement utilisé la sécurité nationale comme prétexte pour dissimuler des informations embarrassantes et celles relatives aux activités illégales du gouvernement », a déclarél’avocat de l’ACLU.

Pour sa part, le juge Hellerstein dit avoir examiné quelques uns des documents litigieux avant l’audience et déterminé que deux d’entre peuvent faire l’objet d’une publication partielle. Toutefois, il a accordé au gouvernement deux semaines pour soumettre d’éventuels arguments soutenant le contraire.

Pour leur part, les avocats du ministère de la Justice, qui ont défendu la position du gouvernement dans cette affaire, se refusent à tout commentaire concernant la décision du juge Hellerstein. Le département de la Justice mène une enquête criminelle séparée au sujet de la destruction en 2005, par la CIA, des enregistrements vidéo des séances d’interrogatoire musclé de terroristes présumés.