Le musée, bâtiment de style dit néo-soudanais et colonial datant d'avant la Seconde Guerre mondiale et de la domination française, a fermé ses portes en mars 2020 en même temps que les autorités instauraient de rigoureuses restrictions contre la maladie.
Le mal, relativement contenu au-delà des dégâts économiques qu'il a infligés à un pays pauvre, continue à régresser et l'heure est à la reprise des activités, y compris culturelles.
La réouverture du musée Théodore-Monod, du nom du naturaliste français, c'est "le bateau amiral qui symbolise cettre reprise", dit son conservateur El Hadji Malick Ndiaye.
Pendant plus d'un an, le musée et ses plus de 9.000 objets ont été frappés "d'invisibilité", dit-il. Beaucoup de contractuels n'ont pas pu travailler; des recettes significatives ont été perdues pour l'Institut fondamental d'Afrique noire (ancien Institut français d'Afrique noire créé en 1936), institution de recherche dont relève le musée et qui est elle-même rattachée à l'université de Dakar.
Mais la pandémie a eu du bon en ce qu'elle "nous a permis d'avoir un recul pour voir l'état du musée", et constater que sa muséographie et sa communication étaient désuètes, et son jardin, rare espace de verdure dans la capitale, défraîchi, dit le conservateur.
"Rouvrir le musée nécessitait d'avoir une nouvelle vision de cette institution", renchérit-il.
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Droit au retour
Des travaux ont été menés jusqu'à quelques heures avant la réouverture. Il a fallu composer avec les contraintes d'une vaste bâtisse qui fut autrefois le palais du commandant de la circonscription de Dakar, occulter par exemple des ouvertures à travers lesquelles la lumière écrasait les formes, pour rendre justice à des pièces uniques, comme ce masque d'initiation Bassari en écorce de palmier ou cette statuette de maternité en bois du Cameroun.
La collection "n'a aucune comparaison en Afrique", dit le conservateur. Une partie en remonte au 19e siècle. Plus tard les chercheurs de l'IFAN l'ont abondée des objets collectés pour leurs recherches, surtout en Afrique de l'Ouest: figurines, masques, récipients, tissus, armes, utilitaires ou ornementaux, en bois, en terre, en métal, en cuir, provenant du Sahel, de la savane ou de la forêt tropicale.
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Le musée a mis en exergue de cette réouverture le nom d'Amadou-Mahtar Mbow, grande personnalité sénégalaise et auteur en 1978, en tant que directeur général de l'Unesco (1974-1987), d'un appel qui a fait date et demeure d'actualité sur le retour des biens culturels aux peuples auxquels ils ont été enlevés à travers l'histoire.
Le musée présente un certain nombre de pièces récemment revenus du musée du Quai Branly à Paris auquel elles étaient prêtées depuis des années. "Il ne s'agit pas d'une restitution mais d'un retour. Quand même, la symbolique est là: ce sont des objets revenus en terre africaine", dit le conservateur.
A l'entrée a été disposée une installation élaborée à partir de caisses dans lesquelles voyagent les pièces de musée. C'est "le symbole de la traversée" et du retour, dit-il, comme ce mégalithe récemment revenu d'un prêt au Met de New York.
Sur l'installation est accrochée l'appel d'Amadou-Mahtar Mbow, 100 ans aujourd'hui, qui proclamait en 1978 le "droit" des hommes et des femmes à recouvrer les biens culturels dont ils ont été spoliés.