"Des violences post-électorales ne sont pas à exclure, mais la menace sécuritaire est sous contrôle", a ajouté le président congolais dans une rare interview à un média francophone, Le Monde en l'occurrence.
L'élection présidentielle dimanche doit désigner son successeur à la tête du plus grand pays d'Afrique sub-saharienne qui n'a jamais connu de transmission pacifique du pouvoir. Des législatives et provinciales sont prévues le même jour.
C'est pour tenter de désamorcer de nouvelles violences que les candidats et la commission électorale (Céni) doivent se retrouver samedi à la mi-journée à Kinshasa.
Une première discussion a eu lieu vendredi soir en présence -ou sous la médiation- d'observateurs des pays de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).
Lire aussi : Des experts de l'ONU accusent un chef de guerre de viols collectifs"On nous a appelés pour signer un engagement selon lequel nous allons nous comporter correctement avant, pendant et après le processus électoral", a annoncé le candidat d'opposition Martin Fayulu.
L'engagement n'a pas été signé ni même diffusé.
L'autre candidat d'opposition Félix Tshisekedi et le dauphin du président Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, étaient représentés.
Sans crier gare, la commission électorale et les trois principaux candidats ont mis tous les dossiers sur la table: refus du vote électronique, exigence du comptage manuel des bulletins de vote, annulation des élections dans deux régions dont Beni-Butembo frappée par Ebola et des violences...
"Le 30, ce dimanche, nous allons tous voter", a promis le président de la Céni, Corneille Nangaa, à l'issue de la réunion.
C'est ce qu'il répétait aussi quelques jours avant le report d'une semaine des élections, du 23 au 30 décembre.
Il s'agissait du troisième report depuis la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de M. Kabila en décembre 2016.
Les bureaux de vote doivent ouvrir à 06H00 partout en RDC "sans tenir compte de la différence d'heure", selon la Céni.
Personnel absent
Cela veut dire que les bureaux doivent ouvrir à 04H00 GMT dans l'Est et 05H00 GMT dans l'Ouest dans le seul pays d'Afrique à cheval sur deux fuseaux horaires (2,3 millions de km 2 et neuf frontières).
Les bureaux seront-ils prêts ? Les "machines à voter", branchées et rechargées ? A Kinshasa à 10h20 (9h20 GMT), une équipe de l'AFP n'a trouvé personne dans trois bureaux de vote, à part la police. Les bureaux étaient encore fermés, le personnel absent.
Près de Mbandaka (nord-ouest), cinq "machines à voter" ont été acheminées dans le centre de vote de Djombo, avec une sixième en réserve, a constaté une correspondante de l'AFP.
Dans ce centre rural doivent voter les habitants des villages à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, desservis par des routes en très mauvais état, inondées.
Lire aussi : "Je suis Mukwege, tu es Mukwege, nous sommes Mukwege!", chante BukavuLa RDC a refusé toute mission d'observation électorale européenne ou américaine.
Quelques centaines d'observateurs africains (Union africaine, Sadc...) sont annoncés pour les opérations de vote qui concernent désormais moins de 39 millions d'inscrits, après le report du vote à Beni, Butembo et Yumbi (1,3 million d'électeurs).
Des rédactions ont déploré de n'avoir pas pu renforcer leur petite équipe de journalistes sur place (Radio France internationale, France 24, la RTBF).
La Céni affirme que "67 journalistes étrangers ont été accrédités" pour la couverture des élections dans un pays grand comme l'Europe de l'Ouest.
Sur place, tous les envoyés spéciaux n'ont pas obtenu leur accréditation auprès de la Céni nécessaire pour suivre l'installation des bureaux de vote, l'ouverture, le déroulement du vote, le dépouillement...
Un culte oecuménique catholique/protestant est prévu à 11H00 à la veille d'une journée électorale encore incertaine.