Abbas réclame la reconnaissance de l'Etat de Palestine

Le leader palestinien Mahmoud Abbas intervient à l'ONU, à New York, le 20 février 2018.

Le président palestinien a réclamé au Conseil de sécurité de l'ONU la "création d'un mécanisme multilatéral" pour régler la question palestinienne via "une conférence internationale" à la mi-2018.

Lors d'une longue et rare intervention empreinte de solennité devant la plus haute instance de l'ONU, il a aussi demandé aux pays ne l'ayant pas fait de reconnaitre l'Etat de Palestine. Sur les 193 nations membres des Nations Unies, 138 Etats ont reconnu l'Etat de Palestine, a précisé Mahmoud Abbas.

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Fin janvier, cette dernière avait accusé Mahmoud Abbas de manquer de courage: "Nous n'allons pas courir après une gouvernance palestinienne qui n'a pas ce qu'il faut pour parvenir à la paix".

"Pour obtenir des résultats historiques, nous avons besoin de dirigeants courageux", avait-elle ajouté.

Le président palestinien, qui est déjà intervenu au Conseil de sécurité en 2008 et 2009, "devrait être sur un mode combatif mais modéré", estiment des diplomates.

Il mentionnera "sans doute" son souhait d'une reconnaissance de la Palestine à l'ONU. Mais il devrait surtout réclamer "une démarche collective du Conseil de sécurité".

Selon des responsables palestiniens, Mahmoud Abbas va appeler à des négociations avec Israël dans un cadre élargi et pas sous l'égide principale des Etats-Unis. Et dénoncer à nouveau la décision américaine de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël.

"Nous pourrons accepter différents formats" pour ces négociations, a affirmé Nasser al-Qudwa, l'un de ces responsables. Elles pourraient avoir lieu sous l'égide du groupe dit des P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni), ou bien du P5+1 (les mêmes, plus l'Allemagne), ou bien un "Quartette élargi", ou encore une conférence internationale de paix", a-t-il détaillé.

Ire américaine

La Palestine est depuis 2012 "Etat observateur non membre" de l'ONU, ce qui lui a permis d'intégrer des agences onusiennes et de rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). Mais elle n'est toujours pas un membre à part entière de l'ONU, même si elle est reconnue par plus de 130 pays.

Un statut de membre passe par une recommandation du Conseil de sécurité à l'Assemblée générale de l'ONU, sans veto des Etats-Unis, premier soutien d'Israël.

M. Abbas refuse tout contact direct avec l'administration américaine depuis la reconnaissance par le président Donald Trump fin 2017 de Jérusalem comme capitale d'Israël, qui a discrédité, pour les Palestiniens, le rôle de médiateur principal des Etats-Unis.

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En décembre, les Palestiniens ont bénéficié de l'unanimité du Conseil de sécurité moins une voix -un veto de Washington- pour condamner cette décision. Cette condamnation a ensuite été approuvée majoritairement par l'Assemblée générale de l'ONU, suscitant l'ire de Washington et de Nikki Haley.

Mardi, l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon doit répondre au président palestinien devant le Conseil de sécurité, en présence du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a prévu un entretien bilatéral avec Mahmoud Abbas.

Israël rejette tout cadre multilatéral pour le processus de paix, décriant l'ONU comme l'Union européenne.

Limbes

Le président palestinien a déjà exhorté les Européens à reconnaître la Palestine le 22 janvier à Bruxelles et fait de même avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 12 février.

"C'est bien joué de sa part. Le simple fait qu'il vienne s'exprimer devant le Conseil de sécurité est une formidable forme de reconnaissance et de démenti à la stigmatisation américaine", note un diplomate.

Le processus de paix au Proche-Orient est depuis plusieurs années dans l'impasse.

L'administration Trump a indiqué travailler sur un plan de paix mais ce dernier semble toujours dans les limbes, selon des diplomates. "Ils sont en pleine discussion interne", selon un diplomate, qui doute que Washington sache déjà où en venir.

Début février, M. Guterres a mis en garde contre la création d'une "réalité irréversible à un Etat" au lieu de la solution préconisée jusqu'à présent de deux Etats vivant côte à côte, Israël et la Palestine, en dénonçant la poursuite de la colonisation "en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est".

"Il s'agit d'un obstacle majeur à la paix, qui doit cesser avec un retour en arrière", a-t-il asséné.

Sur fond de dissensions interpalestiniennes Fatah-Hamas et de réduction de l'aide financière américaine à des programmes de l'ONU destinés aux Palestiniens, le conflit au Proche-Orient doit de nouveau être abordé jeudi à New York, lors d'une réunion informelle.

L'ex-président américain démocrate Jimmy Carter, initiateur à la fin des années 1970 d'un traité de paix historique entre Israël et l'Egypte, a été invité mais sa santé pourrait l'empêcher d'être présent.

Avec AFP