Abuja dénonce le meurtre d’un Nigérian tué par la police sud-africaine au Cap

Des policiers sud-africains, à Pretoria, 2 novembre 2016.

La présidence nigériane a dénoncé lundi le crime "barbare" contre l'un de ses ressortissants dans la ville du Cap, (Afrique du Sud) étranglé en pleine journée par des policiers sud-africains, et demande une "attention diplomatique urgente" de la part des deux pays.

"Ce comportement barbare est non seulement inacceptable, mais nous appelons également le Nigeria et l'Afrique du Sud à porter une attention diplomatique" à ce dossier, a déclaré Abike Dabiri-Erewa, conseillère spéciale à la présidence pour les questions de politiques étrangères et pour la diaspora.

Dans un communiqué, Mme Dabiri-Erewa rappelle que 20 Nigérians ont été tués en 2016 en Afrique du Sud, hors de "tout système judiciaire".

Victor Tochukwu Nnadi est mort étranglé, alors qu'il était à terre et menotté jeudi dernier, sur la place très fréquentée de Grand Parade, dans le centre-ville du Cap.

Les photos et vidéos enregistrées par les nombreux témoins de la scène - avant qu'ils ne soient dispersés par des balles de caoutchouc - montrent un visage tuméfié et du sang qui s'écoule de sa bouche.

Le frère de Nnadi, qui a tenté de s'interposer face aux violences a également été molesté et est toujours incarcéré depuis la semaine dernière.

La police sud-africaine affirme que Nnadi s'est opposé à son arrestation pour un trafic présumé de drogue, et aurait tenté d'avaler une dose d'héroïne qu'il s'apprêtait à vendre, ce qui a causé sa mort.

Une version démentie par le porte-parole de l'Union nigériane en Afrique du Sud (Nusa), Emeka Ezinteje Collins: "Je condamne ces allégations faites (par la police sud-africaine) dans la presse. S'il est effectivement mort d'une surdose, pourquoi n'y a-t-il pas d'examen médicaux?", s'interroge-t-il.

"La victime est innocente tant qu'elle n'a pas été reconnue coupable. Nous sommes dans un Etat de droit, et ce n'est pas un crime d'être Nigérian. C'est à croire que la vie des Nigérians n'a aucune importance pour eux", a-t-il déclaré, ému, à l'AFP.

En avril 2015, une vague de violences xénophobes avait fait officiellement 7 morts, et des milliers de déplacés en Afrique du Sud. A Johannesburg, la capitale économique du pays, la communauté nigériane (800.000 personnes, selon la Nusa) avait été particulièrement visée, leur domicile ou magasins avaient été saccagés.

Dans leur dernier rapport (2014/2015), le Centre indépendant des investigations policières avait rapporté que 640 personnes étaient mortes cette année-là en garde à vue ou du fait de violences policières en Afrique du Sud.

Avec AFP