Officiellement, 79 personnes sont mortes et 500 blessés recensés. Certaines victimes et ayant droit ont assisté à cette cérémonie. Douleur et émotion étaient visibles sur les visages.
Deux veuves sont venues de l’Ouganda, pour voir "là où Dieu a arrêté le séjour de mon époux sur terre", a confié l’une d'elle à VOA Afrique.
Parmi les absents à cette cérémonie, il y avait maître Thomas Dissake, un avocat camerounais, dont l’épouse est portée disparue depuis le 21 octobre 2016.
"Mon épouse était dans ce train, elle était assise en première classe. Quand le train a déraillé, certaines personnes de son wagon ont survécu. Mais elle, est totalement portée disparue. Où est elle tombée ? Si elle est morte, où se trouve son corps ?", se lamente-t-il.
Dans son cabinet d’avocat où VOA Afrique l’a rencontré à Yaoundé, Thomas Dissake dit "ne pas vouloir faire le deuil de son épouse, sans avoir eu les réponses à toutes ses questions".
Aucun intérêt financier ne passe dans son esprit. "Ce que je veux, c'est retrouver mon épouse, vivante ou morte", précise t-il.
Ce principal cheval de bataille a conduit son conseil à porter plainte à Camrail et son directeur général au moment du déraillement. Le procès a tourné court à Douala. Une autre procédure judiciaire est pendante devant le tribunal à Eseka. Maître Dissake a refusé de s'y présenté.
Actuellement, Thomas Dissake a assigné en référé, Camrail et la société d'assurance activa, "pour rétention du rapport des recherches sur son épouse".
"Ils disent que leurs enquêtes sont confidentielles, or je suis l’époux de la disparue, j'ai droit de savoir ce qu'on trouvé au bout des recherches", commente M. Dissake.
Cette autre démarche judiciaire, fait dire à l'un des avocats de Camrail, que maître Dissake doit se rendre à l’évidence de son cas est loin d’être une jurisprudence.
"Le législateur a prévu l’hypothèse selon laquelle, au terme d'une catastrophe, que l’on ne retrouve pas une personne. Maître Dissake sait ce qu'il doit faire dès lors", pense Serges Zangue, avocat de Camrail.
Maître Zangue, a vu défiler devant lui des milliers de personnes: soit pour l’ouverture de leur dossier d'indemnisation, de remboursement des frais médicaux ou prise en charge.
A cheval entre Yaoundé et Douala, il présente avec fierté ce qu’il appelle "les bons résultats de Camrail de son assureur sans omettre les procès gagnés en justice".
Avec le collectif des avocats des victimes du déraillement, "nous avons pu obtenir 85 accords d’indemnisation", a-t-il déclaré.
Au cours de la cérémonie commémorative de la catastrophe d'Eseka, le président du conseil d’administration de Camrail a été plus explicite sur les indemnisations des victimes ou ayant droit.
"Plus de 1200 dossiers d’indemnisation ont été ouvert. Les trois quarts ont déjà donné lieu à des avances de fonds pour préjudices sociaux et remboursement des frais médicaux. Par ailleurs, 06 blessés ont été évacués à l’étranger. Et les dossiers de 85% des blessés lors du déraillement sont consolidés", souligne Abbo Aboubacar.
Des informations que quelques victimes et ayant droit présents à la cérémonie d'Eseka ont confirmé à VOA Afrique.
"Camrail s’est occupé de moi, en soins médicaux, règlement des factures et achat des médicaments", nous dit une dame qui a subi des traumatises au dos et au pied lors du déraillement.
"Ils ont tenu leur engagement, j'ai perçu les frais d’indemnisation", rapporte, à demie voix, une maman qui a sous ses pieds, la photo de sa fille, originaire d'Eseka et morte le 21 octobre 2017.
Sur la même lancée, le gouvernement camerounais a annoncé que "le 1er novembre prochain, la somme de 1 milliard de francs CFA, sera renversée aux bénéficiaires", comme l’avait, décidé le Président Paul Biya, en guise d’appui financier et soutient aux victimes et ayant droits.
Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé