Accord Ethiopie-Somaliland: la Ligue arabe dénonce "une attaque" contre la Somalie

La région du Somaliland entend octroyer à l'Ethiopie l'accès à 20 kilomètres de ses côtes pour une durée de 50 ans, via un accord de "leasing" (location) (Photo par Ed RAM / AFP)

Le patron de la Ligue arabe a dénoncé mercredi l'accord maritime signé entre l'Ethiopie et la région séparatiste du Somaliland comme "une attaque" visant la Somalie, l'un de ses pays membres.

Cet accord, a dit Ahmed Aboul Gheit à l'ouverture d'une réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères tenue en ligne, est "une violente attaque contre les valeurs arabes, africaines et internationales" et une "violation claire du droit international".

Avec ce "protocole d'accord" signé le 1er janvier, la région du Somaliland, ancien protectorat britannique qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991, mais n'est pas reconnue par la communauté internationale, entend octroyer à l'Ethiopie l'accès à 20 kilomètres de ses côtes pour une durée de 50 ans, via un accord de "leasing" (location).

Addis Abeba a indiqué que cela lui permettra de bénéficier d'"une base navale permanente (...) et de services maritimes commerciaux sur le golfe d'Aden". Le gouvernement somalien, qui n'a que peu d'autorité sur le Somaliland, a promis de s'opposer par tous les moyens légaux à ce qu'il considère comme une "agression" et une "violation flagrante de sa souveraineté".

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Le bloc de pays est-africains Igad tiendra jeudi en Ouganda une réunion extraordinaire sur les tensions entre l'Ethiopie et la Somalie. La Chine, les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Union africaine, la Ligue arabe, l'Egypte ou encore la Turquie avaient déjà appelé au respect de la souveraineté somalienne.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie n'a plus d'accès maritime propre depuis l'indépendance de l'Erythrée en 1993. La république autoproclamée du Somaliland, région de 4,5 millions d'habitants relativement stable comparée à la Somalie voisine, imprime sa propre monnaie et délivre ses passeports, mais l'absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.

Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d'Aden, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, menant notamment à la mer Rouge et au canal de Suez.