Accusations d’"ingérences multiples" par le gouvernement gabonais : un conseiller présidentiel limogé en Côte d'Ivoire

Un électeur gabonais consulte les listes d’électeurs devant un bureau de vote dans le quartier de Rio, à Libreville, 27 août 2016.

Le porte-parole du gouvernement gabonais, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a dénoncé des "ingérences multiples", visant la France et la Côte d'Ivoire, où un conseiller du président a été limogé mardi, alors que le Gabon est suspendu à l'annonce du résultat de l'élection présidentielle.

"Il y a des ingérences étrangères multiples, d'abord en France (ndlr: l'ancienne puissance coloniale)", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse au siège de Gabon Télévision, pointant aussi du doigt la Côte d'Ivoire.

Il a notamment accusé Mamadi Diané, "conseiller du président de la République de Côte d'Ivoire" Alassane Ouattara, de comploter avec Jean Ping, candidat et principal opposant du président gabonais Ali Bongo, pour "faire démissionner des membres de la commission électorale (Cénap) par corruption".

La réaction ne s'est pas fait attendre à Abidjan où la présidence a annoncé avoir limogé le conseiller en question.

"Suite aux informations relatives à l'ingérence de M. Mamadi Diané dans le processus électoral de la République soeur du Gabon, il est mis fin à ses fonctions de Conseiller spécial à la Présidence de la République de Côte d'Ivoire, à compter de ce jour", selon un communiqué de la présidence ivoirienne.

"La Présidence de la République condamne cet acte d'ingérence et rassure les autorités et le peuple gabonais qu'elle tient au strict respect de la souveraineté de la République gabonaise. La Présidence de la République de Côte d'Ivoire réaffirme sa ferme volonté de tout mettre en oeuvre pour continuer à préserver les liens d'amitié et de fraternité qui ont toujours existé entre les deux pays", poursuit le texte.

Le président Ouattara est considéré comme proche de la famille Bongo qui l'a soutenu alors qu'il était opposant à l'ancien président Laurent Gbagbo puis lors de la crise ivoirienne (2010-2011) qui avait vu ce dernier refuser d'admettre sa défaite à l'élection présidentielle.

M. Diané s'était fait connaître du grand public ivoirien ces dernières semaines en défendant la réforme constitutionnelle voulue par le président Ouattara.

Concernant la France, M. Bilie-By-Nze réagissait à une déclaration de l'avocat français de Jean Ping qui revendique la victoire à la présidentielle de samedi.

"Si Ali Bongo est déclaré vainqueur, en dépit des estimations, Jean Ping saisira la Cour constitutionnelle. Si des fraudes sont découvertes, tous les recours seront lancés", a déclaré à Paris cet avocat français, Eric Moutet, mettant en doute l'indépendance de la Cour constitutionnelle.

"Me Moutet tente de se rendre complice d'une volonté de déstabilisation de notre démocratie", a ajouté M. Bilie-by-Nze.

Le ministre a aussi dénoncé les "papis racketteurs de la Françafrique" en citant deux autres avocats français, William Bourdon et Robert Bourgi, et l'écrivain Pierre Péan, qui a lancé la polémique sur les origines d'Ali Bongo, reprise par l'opposition.

Il a rappelé que le "Gabon est un pays souverain", en réaction au communiqué du Parti socialiste français de dimanche. "Voilà plus d'un demi-siècle que la famille Bongo gouverne le Gabon. Une alternance serait signe de bonne santé démocratique et un exemple", disait le texte du parti présidentiel français.

Avec AFP