Accusée de complot, Louisa Hanoune reste en détention

Louisa Hanoune, lors d'une session de vote sur des réformes constitutionnelles, Alger, 7 février 2016.

La justice militaire algérienne a refusé lundi de remettre en liberté la cheffe du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), Louisa Hanoune, inculpée pour "complots" contre l'Etat et l'armée.

"La chambre d'accusation a confirmé le mandat de dépôt" délivré le 9 mai par le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida, à une quarantaine de km au sud d'Alger, contre Mme Hanoune, a déclaré un de ses avocats, Me Mokrane Ait-Larbi.

Les motivations de la décision n'ont pas été communiquées dans l'immédiat à la défense, a précisé Me Ait-Larbi, qui a annoncé qu'une demande de remise en liberté de Mme Hanoune serait déposée dans un mois. Le tribunal militaire n'a pas communiqué.

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Députée depuis 1997 et candidate aux trois dernières élections présidentielles en Algérie, Louisa Hanoune est inculpée de complots contre l'armée et l'Etat dans un dossier visant Saïd Bouteflika, ainsi que les ex-patrons des services secrets, les généraux Mohamed "Toufik" Mediene et Athmane "Bachir" Tartag, inculpés des mêmes chefs.

Frère cadet du président Abdelaziz Bouteflika, contraint le 2 avril à la démission face à un mouvement de contestation inédit, Saïd Bouteflika est accusé depuis plusieurs années d'avoir renforcé ses pouvoirs, au point d'apparaître comme un "président bis", à mesure de la dégradation de l'état de santé de son frère dont il était le "conseiller spécial".

La défense de Mme Hanoune a admis qu'elle avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et "Toufik" le 27 mars, au lendemain d'une déclaration du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ du pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika.

Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de se réunir pour comploter contre l'armée.

Le général Khaled Nezzar, ancien homme fort de l'Algérie dans les années 1990, a affirmé que Saïd Bouteflika, qui ne disposait d'aucun pouvoir constitutionnel, lui avait dit envisager d'instaurer l'état de siège et de démettre le général Gaïd Salah, afin de mettre fin à la contestation contre son frère.

Un millier de personnalités françaises ont signé vendredi un appel réclamant la "libération immédiate" de Mme Hanoune, souvent décrite comme une pasionaria trotskiste mais également accusée par ses détracteurs d'avoir longtemps fait le jeu du "système" au pouvoir, en participant aux élections et en ménageant ses critiques contre M. Bouteflika.