"Afflux de combattants étrangers" en RCA, selon l'ONU

Une patrouille armée à Birao, en Centrafrique, le 6 novembre 2019. (Photo by Camille LAFFONT / AFP)

Le groupe d'experts de l'ONU chargés de contrôler l'embargo sur les armes en Centrafrique évoque dans un rapport annuel publié mercredi un "afflux de combattants étrangers" dans ce pays qui se prépare à une présidentielle et des législatives en fin d'année.

Une "série d'affrontements a été alimentée par l'arrivée de combattants étrangers et d'armes, principalement du Soudan", indiquent les experts dans ce document de 150 pages qui doit servir de base à un renouvellement à la fin du mois de l'embargo sur les armes en vigueur depuis 2013.

"Le trafic régional d'armes s'est également poursuivi le long d'autres itinéraires", ajoutent les experts, en citant une saisie d'armes en avril à Gbadolite par les autorités de République démocratique du Congo et qui était probablement destinée à la Centrafrique.

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Dans ce cadre, ils se sont intéressés à une mystérieuse "Florence Yaba Mongo", de nationalité congolaise, arrêtée en avril et transférée à Kinshasa après une saisie de 10 lance-grenades et 1.490 munitions.

Dans leurs recommandations, les experts demandent à la Centrafrique, au Soudan et au Tchad de "redoubler d'efforts pour lutter contre l'augmentation des flux d'armes et de combattants étrangers en République centrafricaine, qui représente une menace à long terme pour la région".

Selon eux, "la perspective des élections a donné aux groupes armés une raison supplémentaire de maintenir et d'étendre leur contrôle sur le territoire".

"L'Union pour la paix en Centrafrique (UPC) dirigée par Ali Darassa et le groupe Retour, réclamation et réhabilitation (3R), dirigé par Abbas Sidiki, ont étendu leurs zones de contrôle", disent les experts. Ces deux groupes armés à dominante peule cherchent à consolider et à étendre le contrôle du territoire pour maximiser la taxation des activités de transhumance, précisent-t-ils.

En citant une affaire d'armes disparues, ils estiment qu'elle illustre les faiblesses de la gestion des armes par les autorités centrafricaines. Ils pointent aussi que les notifications à l'ONU d'acquisition d'équipements sont souvent tardives.

"Affaire Elio Ciolini"

Ils s'étendent également sur un dossier curieux, "l'affaire Elio Ciolini, alias Bruno Lugon". Cet Italien aux antécédents judiciaires et proche de l'extrême droite aurait cherché, entre février et avril, des soutiens pour renverser le gouvernement centrafricain tout en travaillant pour la présidence.

Accusé d'"activités subversives", il a été démis en juin de ses fonctions par la présidence et arrêté, indiquent les experts.

"Bien que le recrutement des FACA (forces de sécurité centrafricaines) prévu dans le cadre du plan national de défense ait connu des revers persistants, le renforcement de la Garde présidentielle (Groupement spécial chargé de la protection républicaine) s'est poursuivi", relève par ailleurs le rapport.

Depuis mars, le rôle joué par la Garde présidentielle en matière de sécurité s'est sensiblement étendu, son champ d'action couvrant tous les axes principaux, les intersections, les bâtiments officiels et l'aéroport de Bangui, et s'étendant jusqu'à Mbaïki et Damara, deux grands axes menant à Bangui, ajoutent les experts.

Selon eux, les récents recrutements au sein de la Garde présidentielle n'étaient pas prévus dans le plan national de défense et son rôle n'a pas été coordonné dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité.

En janvier, la Russie, au rôle influent auprès de la présidence centrafricaine, avait obtenu du Conseil de sécurité un nouvel assouplissement de l'embargo sur les armes après un premier allègement en septembre.

La discussion avait provoqué de vives tensions entre la France, soutenue par des pays européens et africains, et la Russie, appuyée par la Chine, qui pourraient se répéter lors de la renégociation de l'embargo préalable à son expiration le 31 juillet.